L’alimentation intuitive, c’est une démarche qui consiste à rejeter la culture des régimes et à manger de façon adaptée à nos besoins. Est-ce une méthode efficace pour perdre du poids ? Une solution révolutionnaire pour être en bonne santé ou encore un programme marketing sans intérêt ? On va voir cela ensemble.

Les principes de l’alimentation intuitive ont été clarifiés dans les années 1990 à l’initiative de deux expertes américaines : Evelyn Tribole et Elyse Resch. Et le concept a été repris avec ses variantes dans le monde entier.

L’objectif est simple : retrouver une manière intuitive de manger. Intuitive, c’est-à-dire fondée sur les sensations alimentaires de faim et de satiété. Ça, c’est l’objectif. Et pour y parvenir, on apprend à faire la paix alimentaire, à reconnaître les signaux envoyés par son corps et à respecter son corps quel qu’il soit. L’idée est de manger ce qui répond à nos besoins physiques et psychiques ni plus ni moins. On n’insiste pas sur la nécessité de manger des fruits et légumes ni sur le fait qu’il faut limiter les aliments ultratransformés.

L’alimentation intuitive ne fait pas maigrir

Et il y a un autre principe : l’alimentation intuitive n’est pas une méthode pour perdre du poids ! D’ailleurs, pour les puristes, on ne peut pas à la fois chercher à maigrir et à atteindre une alimentation intuitive.

Cette démarche semble séduisante. Et il y a de nombreuses publications scientifiques à ce sujet. Tout d’abord, on observe que les personnes qui mangent intuitivement – qu’on évalue avec des questionnaires – se sentent mieux, ont un poids plus faible que ceux qui, à l’inverse, déclarent manger sous l’effet de signaux extérieurs à leur corps.

Mais attention aux raisonnements hâtifs ! Cela ne permet pas de dire que c’est parce qu’ils mangent intuitivement qu’ils vont bien. Ça peut être l’inverse. Si vous êtes bien dans votre corps, vous aurez naturellement plus de chance d’être en paix avec la nourriture et à manger selon vos sensations.

Il y a bien des travaux scientifiques qui montrent que, chez des personnes qui mangent de façon émotionnelle, voire compulsive, la démarche d’alimentation intuitive améliore la situation. Le problème, c’est que ces études sont rares et surtout, elles testent toutes des approches différentes fondées sur les concepts de l’alimentation intuitive et de thérapies diverses. Et on ne dispose pas de données au-delà de quelques mois de suivi.

En pratique, sur la base des données scientifiques et de mon expérience, je pense que c’est une erreur de ne jurer que par l’alimentation intuitive. Cette approche est intéressante à intégrer quand on veut soigner sa manière de manger ; faire un travail déculpabilisant sur l’alimentation et visant à mieux répondre aux signaux de faim et satiété, c’est certainement important. Mais c’est loin de régler les problèmes nutritionnels, que ce soit l’obésité ou les troubles du comportement alimentaire.