Grâce à une usine mise en service à Lubumbashi en 2023, la RDC vise une production annuelle de 30 tonnes de germanium. À l’origine du projet, la Gécamines se rêve en alternative à la Chine sur le marché, alors que Pékin vient d’interdire les exportations de ce métal critique vers les États-Unis.
La Chine a annoncé, mardi 3 décembre, une interdiction immédiate des exportations vers les États-Unis de plusieurs minéraux critiques, dont le gallium et le germanium. Cette mesure prise en réaction à des restrictions américaines sur la vente de technologies à Pékin peut conforter la RDC dans ses plans visant à contester l’hégémonie chinoise sur le germanium.
Le pays d’Afrique centrale veut en effet assurer 30 % de l’approvisionnement mondial en germanium, selon la Gécamines, qui porte les ambitions de la RDC sur ce dossier. Dans une interview accordée à Reuters en juillet 2023, son président Guy Robert Lukama expliquait que les restrictions de la Chine offraient des opportunités à la RDC. À l’époque déjà, Pékin avait imposé des mesures qui ne visaient pas spécifiquement les États-Unis, mais qui perturbaient l’approvisionnement en minéraux critiques, dont le germanium.
« La décision de la Chine va créer une certaine pénurie sur le marché, ce qui signifie que notre germanium, qui n’est pas encore réservé, pourrait avoir plus de valeur […] Il n’y a pas encore de clients, mais il y a de l’intérêt, il y en a depuis que nous avons commencé le projet et nous sommes sûrs que nous aurons bientôt plus d’intérêt pour notre germanium », prédisait alors le dirigeant.
Depuis, la Gécamines a effectivement annoncé en mai 2024 un accord avec le belge Umicore, afin d’assurer le traitement du germanium issu du site de résidus miniers dénommé « Big Hill » à Lubumbashi. Les premières exportations de concentré de germanium vers la Belgique ont ainsi commencé en octobre 2024. Les risques de perturbations accrues déclenchées par la nouvelle mesure de Pékin peuvent aider la Gécamines à attirer de nouveaux clients, et inciter à des investissements supplémentaires pour exploiter d’autres sites congolais de résidus miniers.
Rappelons que l’usine hydro métallurgique de Lubumbashi, d’une capacité de production annuelle de 30 tonnes de germanium, est le fruit d’un investissement de 75 millions $ réalisé en 2023. Outre le germanium, l’installation peut livrer de l’oxyde de zinc, du cuivre et du cobalt.
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