Face aux tensions internationales et aux défis économiques mondiaux, l’initiative de financements en monnaie locale apparaît pour les BRICS comme une réponse. Actuellement, 22 % des prêts de la NBD sont libellés dans des devises locales, et l’objectif est de porter ce chiffre à 30 % d’ici 2026​.

La Nouvelle Banque de Développement (NBD) des BRICS s’est engagée à intensifier ses financements en monnaie locale pour soutenir les pays du Sud global, a annoncé Dilma Rousseff (photo, gauche), présidente de l’institution, ce mardi 22 octobre, lors d’une rencontre avec Vladimir Poutine à Kazan, ville de Russie, capitale de la république du Tatarstan, où se tient le sommet des BRICS.

« Nous avons déjà alloué des financements importants pour de nombreux projets, mais cela reste insuffisant au regard des besoins des pays du Sud global. Il est donc important d’accroître les financements en monnaies locales, dans des formats adaptés à ces pays, et la Nouvelle Banque de Développement est pleinement engagée dans cette voie », a déclaré Rousseff.

La stratégie vise à réduire la dépendance des pays du Sud vis-à-vis du dollar, alors que les BRICS cherchent à renforcer l’utilisation de leurs devises nationales dans les transactions. Un objectif qui, selon Rousseff, devrait offrir plus de flexibilité aux pays emprunteurs et les aider à mieux se protéger contre les risques liés aux fluctuations des taux de change.

Vladimir Poutine, qui s’exprimait aux côtés de l’ancienne présidente du Brésil depuis le Palais du Gouverneur de Kazan, a salué le rôle prépondérant de la NBD dans le financement de projets d’infrastructures et de développement. Le président russe a rappelé que, depuis 2018, la banque a financé plus de 100 projets pour un montant total de 33 milliards de dollars.

« L’utilisation accrue des devises locales dans les transactions permet non seulement de réduire le coût du service de la dette, mais aussi de renforcer l’indépendance économique des pays membres, tout en minimisant les risques géopolitiques », a insisté Poutine dont le pays est sous le coup d’une batterie de sanctions depuis février 2022. La démarche s’inscrit bien dans une volonté des BRICS de s’émanciper des systèmes financiers dominés par le dollar américain.

En septembre 2024, la NBD avait déjà levé un milliard de rands (environ 50 millions d’euros) sur le marché obligataire sud-africain, une émission qui  a suscité un fort intérêt des investisseurs, avec des offres dépassant deux milliards de rands. La banque avait aussi annoncé qu’elle prévoit d’émettre des obligations en roupie indienne en ce mois d’octobre, dans la dynamique de son objectif d’augmenter la part des financements en monnaie locale. Actuellement, environ 22 % des prêts de la NBD sont libellés dans des devises locales, principalement en yuan chinois, et l’objectif est de porter cette proportion à 30 % d’ici 2026​.

« Nous voyons aujourd’hui l’union des BRICS entrer dans une nouvelle phase de croissance. D’autres pays du Sud global pourraient rejoindre cette dynamique. L’élargissement du groupe, combiné à un soutien financier accru, est une priorité », a ajouté la présidente de la NBD.

La NBD, officiellement lancée en juillet 2015, a été fondée par les pays membres des BRICS : le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. En 2021, la banque a initié une phase d’expansion de ses membres. A cette occasion, le Bangladesh, l’Égypte, les Émirats arabes unis et l’Uruguay ont rejoint la banque en tant que nouveaux membres​.