Les frères Gurroby restent en détention
Le juge Pravin Harrah : « Il est essentiel de protéger la société et le système judiciaire des risques »
La demande de libération conditionnelle formulée au nom de Ritesh et Nitiraj Gurroby a été rejetée par le juge Pravin Harrah, siégeant en Cour suprême, le jeudi 12 septembre. Accusés de possession illégale de stupéfiants avec présomption de trafic, ils devront attendre leur procès qui se tiendra du 3 au 14 mars 2025.
Dans sa décision, le juge a affirmé que, bien que la présomption d’innocence constitue un droit fondamental, il est primordial de protéger la société et le système judiciaire des risques. Il a souligné que la solidité des preuves, notamment la découverte de l’ADN des accusés sur les stupéfiants, a été déterminante dans sa conclusion. De plus, le bureau du Directeur des Poursuites Publiques (DPP) a vivement contesté la demande de la défense, invoquant des risques d’évasion et de récidive.
Saisies records
Pour rappel, les frères sont accusés de possession illégale de stupéfiants dans le cadre de la Dangerous Drugs Act, après la saisie de plus de 219 kg d’héroïne et 25 kg de résine de cannabis lors d’une opération policière à Pointe-aux-Canonniers en mai 2021.
Au cours de l’enquête, la police s’était rendue sur un terrain à Pointe-aux-Canonniers après avoir reçu des informations concernant la présence de drogue sur les lieux. Elle a rencontré Siwanand Rawah, le gardien. Lors de la fouille de trois zones du périmètre, les officiers ont retrouvé plusieurs sacs en raphia contenant 290 paquets d’héroïne et 26 sachets de haschich. Rawah a déclaré que la drogue dans ces sacs appartenait à son patron Ritesh et à son frère Nitiraj, ainsi qu’à deux hommes créoles costauds qui peuvent expliquer cela. Ils sont venus à cet endroit mercredi ou jeudi . Il a été ensuite conduit au quartier général de l’ADSU à Port-Louis.
Le même jour, Ritesh Gurroby s’est présenté sur le terrain avec des clés pour ouvrir un conteneur qui s’y trouvait. La police l’a arrêté, avant d’appréhender Nitiraj Gurroby le 5 mai suivant à Chemin Vingt-Pieds, Grand-Baie. Au total, l’affaire aura connu cinq autres arrestations. L’inspecteur Fowdar a déclaré en Cour suprême que l’ADN de Ritesh Gurroby a été retrouvé sur un des paquets de drogue saisis. Sans compter les factures détaillées des téléphones le liant aux autres protagonistes arrêtés.
Nitiraj a été identifié par Garry Joumont, un policier impliqué dans une opération avec lui. Tous deux faisaient partie d’un convoi de véhicules se rendant de Les Flammants, Pereybère, à Pointe-aux-Canonniers. Les enquêteurs soupçonnent un transport maritime de drogue et ont également recueilli des images de caméras de surveillance sur cet itinéraire. Son ADN a été détecté sur l’un des véhicules du convoi.
Les deux accusés ont déjà passé 1 181 jours en détention provisoire depuis leur arrestation. Leur demande de libération sous caution a été contestée par la poursuite pour deux raisons majeures : le risque d’évasion et de récidive. Le bureau du DPP a avancé que, compte tenu de la gravité des accusations et de la quantité record de drogues saisies, les suspects pourraient tenter de fuir.
En effet, Nitiraj Gurroby est propriétaire de bateaux de pêche, réside sur la côte et entretient des contacts avec des skippers, ce qui, selon l’accusation, faciliterait une évasion. Par ailleurs, la perspective d’une peine de prison sévère pourrait les inciter à fuir. La poursuite a également souligné le risque de récidive, compte tenu des gains considérables générés par le trafic de drogue. Les enquêteurs estiment que les deux hommes, endettés, pourraient être tentés de reprendre cette activité lucrative.
Lors de sa plaidoirie, la défense a souligné les liens familiaux de Nitiraj, qui est marié et père d’un enfant. Elle a également mis en avant l’absence de condamnations antérieures liées à la drogue et le fait que les biens des accusés, dont les bateaux et les passeports, sont sous le contrôle de la police, minimisant ainsi le risque d’évasion.
Le juge Pravin Harrah a estimé que le risque de fuite est bien réel, tout en rejetant cependant celui de récidive. Concernant les deux frères, il a déclaré : « It would not be a fit and proper case for me to exercise my discretion to grant bail to the applicant. » Ces derniers étaient représentés par Me Gavin Glover, Senior Counsel, et Yanilla Moonshiram, alors que la poursuite, elle, était assurée par Me Ida Dookhy-Rambarun, Senior Assistant DPP.
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