Deux nouveaux suspects ont été arrêtés par la Major Crime Investigation Team (MCIT) dans le cadre de l’enquête sur la mort de Nadeem Permessur, survenue le dimanche 18 août dans le centre de désintoxication Awaken, qui fonctionnait sans permis à Eau-Coulée. Les suspects, Istiyaaq Caunhye et Ridwaan Bauluck, résident respectivement à Rose-Hill et Phoenix, sont soupçonnés de “perverting the course of justice” concernant le décès du patient de 48 ans.
Ces deux individus ont été désignés par les huit premiers suspects arrêtés dans cette affaire comme ayant joué un rôle dans le meurtre de Nadeem Permessur. Les enquêteurs pensent qu’ils font partie du personnel du centre de désintoxication. En plus d’opérer illégalement, ils sont accusés par les hommes du surintendant Hayman Dass Goorah d’avoir tardé à informer les autorités du décès de Nadeem Permessur survenu le samedi 17 août au sein du centre Awaken.
Il semble que la victime soit décédée dans la matinée de samedi après avoir été agressée à l’intérieur de l’établissement. Cependant, ce n’est que dans l’après-midi que la police d’Eau-Coulée a été alertée. Istiyaaq Caunhye et Ridwaan Bauluck ont été jugés devant le tribunal de Curepipe ce mercredi, où la police s’est opposée à leur remise en liberté sous caution.
Lors de leur interrogatoire mardi, en présence de leurs avocats, la police a cherché à établir des preuves de leur statut en tant que travailleurs sociaux au sein du centre Awaken. D’autres suspects pourraient être convoqués aux Casernes centrales dans le cadre de cette enquête, dirigée par le surintendant de police (SP) Heman Dass Ghoorah.
Mort suspecte et méthodes contestables
Pour rappel, la MCIT et la Criminal Investigation Division (CID) de Curepipe enquêtent sur les circonstances entourant la mort de Nadeem Permessur, retrouvé inanimé après avoir été violemment frappé au sein du centre Awaken. Ce chauffeur de taxi, originaire de Pailles, était entré dans cet établissement de désintoxication, indépendant du ministère de la Santé, une semaine avant son décès afin de surmonter son addiction à la drogue. Son corps a été découvert le 18 août, présentant des blessures et des ecchymoses sur plusieurs parties de son corps. L’autopsie a révélé que Nadeem avait succombé à un choc provoqué par des blessures multiples.
Dans un premier temps, la police avait suspecté une bagarre entre deux groupes de toxicomanes comme cause de la mort de Nadeem. Cependant, aucun résident du centre n’a confirmé cette version des faits, niant toute implication dans le crime. Ils ont plutôt souligné certaines conditions de détention, en mentionnant les méthodes utilisées pour “aider” les dépendants, incluant des punitions physiques.
De plus, les résidents du centre ont fait des révélations inquiétantes sur leur traitement, affirmant qu’ils ne recevaient pas de soins médicaux adéquats et qu’ils étaient parfois attachés et battus lorsqu’ils exprimaient leur besoin de drogue. Un des suspects a même évoqué des corrections corporelles infligées aux toxicomanes qui manifestaient leur détresse. Ils ont également signalé une privation alimentaire initiale afin de leur faire comprendre les règles de discipline.
Les enquêteurs ont interrogé quatre autres patients qui partageaient la chambre avec la victime, confirmant également qu’ils dormaient au sol. Ces patients ont nié avoir agressé Nadeem. L’un d’eux a également mentionné des “méthodes peu conventionnelles” employées par le personnel, ajoutant que Nadeem avait été violent la veille de sa mort et avait tenté de fuir sans l’accord de la direction.
Il est à noter que malgré les blessures sévères constatées sur Nadeem, aucune trace de sang n’a été retrouvée dans les environs, ce qui a intrigué les enquêteurs. Bien que le lieu soit équipé de caméras de surveillance, celles-ci se seraient « en panne » au moment des événements. Ces éléments ont conduit les enquêteurs à supposer que Nadeem avait été agressé dans un autre endroit puis transporté dans sa chambre, où il aurait sombré dans un sommeil profond sur un matelas à même le sol. Des investigations ont confirmé que l’agression avait eu lieu la veille de sa mort.
Suite à ces nouvelles découvertes, la police a procédé à l’arrestation des responsables du centre de désintoxication. Javed Hosany, Jonathan Jean-Pierre, Salman et Rizwaan Kanowah ont été inculpés sous des charges provisoires de meurtre. Selon l’enquête, les familles des résidents de cet établissement paieraient pour leur admission et fourniraient des denrées alimentaires. L’enquête se poursuit sous la supervision du surintendant Ghoorah de la MCIT Sud. À ce jour, 10 personnes ont été arrêtées dans cette affaire.
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