Alors que le Mali est confronté à une crise énergétique marquée par des coupures d’électricité régulières, une nouvelle étude de l’IRENA révèle un important potentiel de développement pour les énergies renouvelables dans le pays.
Une étude menée par l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) a révélé un important potentiel de développement pour les énergies renouvelables au Mali, estimé à 398,7 gigawatts (GW) pour les projets solaires photovoltaïques (PV) à grande échelle et à 1,25 GW pour les projets éoliens terrestres. Ce potentiel, s’il est suivi des investissements nécessaires à sa concrétisation, pourrait jouer un rôle crucial dans la transformation énergétique du pays confronté depuis quelques mois à des délestages.
Publiée fin août 2024 et intitulée « Mali Zoning Assessment – Investment Opportunities for Utility-Scale Solar and Wind Areas », l’étude de l’IRENA a été réalisée en collaboration avec l’Agence des énergies renouvelables du Mali (AER-Mali). Elle a identifié des zones stratégiques situées le long des lignes de transmission et des réseaux routiers existants ou prévus. Ces zones, considérées comme les plus prometteuses, ont été sélectionnées en fonction de plusieurs critères, tels que la qualité des ressources, la proximité des infrastructures et l’impact environnemental limité. L’étude a pris en compte une emprise au sol de 50 MW/km² pour le solaire et 5 MW/km² pour l’éolien, ainsi que des capacités de concentration maximales de 5000 MW par zone. Un facteur d’utilisation des terres de 50 % a été appliqué, en raison de l’utilisation concurrente des terrains, notamment pour l’agriculture et la protection patrimoniale.
Crise énergétique au Mali
Si le rapport de l’IRENA n’évalue pas l’investissement nécessaire pour la concrétisation de ce potentiel, il faut noter que ces résultats arrivent à un moment crucial pour le Mali qui doit gérer, depuis plusieurs mois, une crise énergétique qui affecte plusieurs secteurs économiques. Les entreprises locales, notamment les industries, peinent à fonctionner en raison des fréquents délestages qui duraient à un moment jusqu’à 18 heures par jour. De nombreuses sociétés se tournent vers des solutions comme l’achat de groupes électrogènes, ce qui impacte leur santé financière et oblige certaines entreprises à cesser temporairement leurs activités, selon plusieurs sources médiatiques concordantes.
A en croire les explications données en mars dernier par Abdoulaye Djibril Diallo, directeur général de la compagnie nationale d’électricité EDM-SA, la crise actuelle résulterait de plusieurs facteurs. Il a cité entre autres « un faible niveau d’investissement dans le secteur accompagné d’une hausse de la demande d’électricité liée à l’évolution démographique » ainsi que la hausse des prix des hydrocarbures sur le marché international. Le DG a également indiqué que le Mali avait besoin de 500 millions de litres de combustibles pour couvrir ses besoins en électricité pour l’année 2024.
Débuts de solutions
Pour soulager ses problèmes énergétiques, le Mali a finalisé, en avril dernier, un accord avec le Niger pour acheter 150 millions de litres de gasoil afin d’alimenter ses centrales électriques. En mai 2024, le pays a lancé en collaboration avec la Russie les travaux pour la construction d’une centrale solaire photovoltaïque de 200 MW sur 314 hectares à Sanankoroba, présentée comme « la plus grande du Mali et même de la sous-région ». Selon les détails énoncés, la construction devrait durer un an et coûter 198,6 millions $ et augmenter de 10% la production électrique du Mali. Quelques jours plus tard, les travaux de construction d’une autre centrale solaire de 100 MW crête ont été lancés en partenariat avec la Chine dans la région de Safo.
Selon un rapport du PNUD paru en mai 2023 et relayé par plusieurs sources du secteur, la production malienne d’électricité est dominée à près de 69% par le thermique, suivi de l’hydroélectricité (26,8%) et du solaire (4,2%). D’après les données de l’IRENA, la capacité installée en photovoltaïque du Mali reste modeste, avec seulement 97 MW à la fin de 2023.
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