Africa50, la plateforme d’investissement créée par des gouvernements africains et la Banque africaine de développement, dépasse les attentes et comble des lacunes essentielles en matière de financement des infrastructures grâce à des mécanismes de financement innovants et à des partenariats stratégiques, ont entendu jeudi les parties prenantes.
S’exprimant lors de l’Assemblée générale annuelle des actionnaires 2024 d’Africa50 qui s’est tenue à Antananarivo, le président de Madagascar, Andry Rajoelina, et son homologue tanzanienne, Samia Suluhu Hassan, ont reconnu le rôle pivot de l’institution dans la résolution des défis infrastructurels et économiques du continent, jetant ainsi les bases d’un développement et d’une prospérité durables.
Le président Rajoelina a souligné la manière dont Africa50 impulsait un changement transformationnel en mobilisant des financements pour des projets d’infrastructure à grande échelle dans son pays et sur le continent.
Il a déclaré que Madagascar, avec ses abondantes ressources naturelles et renouvelables, était devenu un modèle de transition énergétique, et a ajouté que le pays avait besoin du soutien de partenaires internationaux tels qu’Africa50.
« Pour concrétiser notre vision, nous avons besoin du soutien de partenaires internationaux, et c’est là que le rôle des membres d’Africa50 est crucial. Nous devons travailler ensemble pour obtenir les financements nécessaires à la réalisation de projets ambitieux et permettre à Madagascar d’opérer sa transition vers une énergie verte et durable. C’est un défi pour toute l’Afrique », a appelé le président Rajoelina.
Selon lui, l’Afrique a une occasion unique de réaffirmer sa position de leader mondial face au défi du changement climatique en soutenant des projets innovants et durables. « L’Afrique n’est pas le problème, l’Afrique est la solution », a-t-il lancé.
La présidente de Tanzanie, Samia Suluhu Hassan, dans un discours lu par le ministre des Finances et de la Planification, Mwigulu Lameck Nchemba Madelu, a présenté la cuisson propre comme une priorité internationale et une affaire qui doit être traitée comme telle.
Selon l’Agence internationale de l’énergie, près d’un milliard de personnes en Afrique cuisinent avec des combustibles polluants, ce qui a des répercussions directes sur leur santé et provoque un demi-million de décès prématurés chaque année. Pourtant, le coût de la résolution du problème de l’énergie propre est relativement faible.
La présidente tanzanienne a encouragé le recours à la microfinance pour la cuisson propre en octroyant des prêts à faible taux d’intérêt aux ménages pour l’achat de cuisinières propres, permettant ainsi une transition plus facile vers des solutions de cuisson propre. « Il est crucial de rendre la cuisson propre abordable, en particulier dans les zones à faible revenu. Les gouvernements peuvent mettre en place des incitations efficaces pour les producteurs et les consommateurs afin de réduire le coût des équipements de cuisson », a-t-elle affirmé.
L’Assemblée annuelle d’Africa50 a réuni des dirigeants internationaux, des décideurs politiques, des investisseurs et des experts en infrastructures pour définir des stratégies et collaborer sur les actions nécessaires à la mobilisation d’investissements pour un avenir durable en Afrique.
« Le fait qu’Africa50 dépasse les attentes et comble le déficit de financement en s’attaquant aux défis actuels grâce à des mécanismes de financement innovants et des partenariats stratégiques est une bonne nouvelle pour l’Afrique et le monde », a déclaré M. Akinwunmi Adesina, président du Groupe de la Banque africaine de développement, dans un discours liminaire prononcé lors de l’événement.
- Adesina, qui est également président du Conseil d’administration d’Africa50, a indiqué que la plateforme d’investissement avait mobilisé plus de 1,1 milliard de dollars d’engagements de capitaux et catalysé 4,4 milliards de dollars supplémentaires de financements extérieurs en seulement sept ans d’activité. « Son portefeuille comprend 25 projets transformateurs dans 28 pays, d’une valeur totale supérieure à huit milliards de dollars dans l’énergie, les transports, les infrastructures numériques, l’éducation et les soins de santé. »
En décembre 2023, le Fonds d’accélération pour les infrastructures d’Africa50 a obtenu 222,5 millions de dollars lors de sa première clôture, provenant principalement d’investisseurs africains, ce qui est une première pour le continent.
La vision d’Africa50 pour l’avenir de l’Afrique
Avec une population africaine qui devrait atteindre 2,5 milliards d’habitants d’ici à 2050 et un marché de consommation en plein essor, le continent deviendra l’une des destinations d’investissement les plus prisées au monde, selon M. Adesina. « Nous sommes déterminés à continuer de mobiliser des capitaux, de surmonter les obstacles à l’investissement et de réaliser des projets transformateurs. »
Dans son allocution, Alain Ebobissé, directeur général d’Africa50, a déclaré qu’au cours de l’année écoulée, l’institution avait investi dans des projets d’infrastructure clés, guidée par la nécessité d’agir rapidement et à grande échelle pour le continent. « Les investisseurs gèrent plus de 2,3 milliards de dollars sur le continent. Africa50 vise à mobiliser et à catalyser une partie de ces capitaux pour financer les infrastructures en Afrique », a-t-il précisé.
Il a souligné que le Fonds d’accélération pour les infrastructures d’Africa50 représentait une première de son genre en Afrique. « Ce fonds constitue une avancée significative dans la mobilisation de capitaux africains pour combler le déficit d’infrastructures en Afrique », a poursuivi M. Ebobissé.
En 2023, Africa50 a démontré son potentiel en facilitant d’importants investissements directs étrangers (IDE) dans les énergies propres, alors même que les IDE mondiaux avaient reculé de 3 %.
Avec plus de 60 % du potentiel solaire mondial, l’Afrique a une occasion en or de suivre une trajectoire énergétique à faible émission de carbone, d’accroître son approvisionnement en électricité et de décarboniser ses économies
Madagascar, la quatrième plus grande nation insulaire du monde, a été citée en exemple pour la manière dont le développement des infrastructures peut stimuler la croissance économique.
Les engagements de la Banque africaine de développement à Madagascar s’élèvent à plus d’un milliard de dollars, plus de 97 % du portefeuille allant dans les transports, l’énergie et l’agriculture.
Le projet phare Sahofika, qui deviendra la référence en matière de charge de base verte dans le mix énergétique du pays, réduira la part de la production d’énergie thermique à moins de 10 %, ce qui permettra de réduire les coûts de production du pays de plus de 30 %.
Infrastructures de transport
« La Banque africaine de développement reste déterminée à soutenir Madagascar dans ses efforts pour améliorer la connectivité et promouvoir le commerce sur le continent grâce à des projets d’infrastructures de transport durables », a affirmé M. Adesina.
« Grâce au projet de développement des corridors et de facilitation du commerce, 165 kilomètres de routes, dont le tronçon Analamisampy-Manja, et quatre ponts sur la RN9 ont été construits, réduisant le temps de trajet de 48 heures à seulement cinq heures », a détaillé M. Adesina.
« L’amélioration des infrastructures de transport révolutionne également le commerce et les déplacements, en réduisant les temps de trajet le long des principaux corridors de 48 heures à seulement cinq heures », a ajouté le président du Groupe de la Banque africaine de développement.
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