Nouvelle salve de Sheila Bunwaree : « Ni opportuniste, ni fondamentaliste, ni néolibérale, ni carriériste politique ; je suis simplement une humaniste féministe, avec une vision pour notre pays »

by | Aug 18, 2024 | Actualités, Politique

La démissionnaire cloue au pilori le MMM et donne les raisons de sa démission

Arianne Navarre Marie vivement critiquée

Elle n’allait pas rester tranquille après le coup de Jarnac du MMM à son égard pour haute trahison. Fidèle à son habitude de se servir des gens, le parti de Papa-tifi est cette fois-ci tombé sur un os dur. Au lieu d’abdiquer en silence comme l’on fait plusieurs personnes avant elle, Sheila Bunwaree a remué le couteau dans cette plaie béante pour évoquer certaines réalités.

Dans une lettre ouverte intitulée Le paysage politique et ma démission du MMM, l’ex-responsable du Policy Council du Mouvement Militant Mauricien (MMM) a exposé les motifs de son départ de ce parti politique.

On peut y lire : « La politique, les partis politiques et l’intégrité électorale sont inextricablement liés et essentiels au fonctionnement de la démocratie. Mon prochain livre, intitulé  Audacity of Ambition : Mauritius at the Crossroads, traite du fonctionnement même de notre État « démocratique » actuel. Plus encore, il aborde le type de démocratie que nous devrions léguer à nos enfants, ce qui fonde mon engagement en politique. Voici les premières lignes du livre :

« Ni opportuniste, ni fondamentaliste, ni néolibérale, ni carriériste politique ; je suis simplement une humaniste féministe, avec une vision pour notre pays. Une vision qui permettra à la démocratie de prospérer, et où nos droits humains fondamentaux, y compris les droits socio-économiques ainsi que les droits de la nature, sont pleinement respectés et promus… »

Ces premières lignes ont été partagées avec Paul Bérenger et Navin Ramgoolam par le biais de lettres qui leur ont été adressées individuellement. Mais permettez-moi de revenir sur le paysage politique actuel et ma démission, qui sont inextricablement liés :

Il y a plusieurs raisons à ma démission :

  1. Depuis environ trois ans, il n’y a aucun débat au sein du MMM. Nous entendons parler d’un manifeste/programme en cours de préparation par une petite équipe, mais il n’y a pas d’autres informations ou discussions avec les membres du Bureau politique (BP) et les citoyens.

 

  1. L’annonce de certaines mesures de manière décontextualisée et populiste, sans la pensée critique nécessaire et une philosophie sous-jacente, n’a, pour moi, aucun sens. Nous sommes à un tournant de notre histoire sociopolitique où il est crucial de repenser notre modèle de développement économique, de réhabiliter et de réinventer notre système politique, de revoir notre constitution et de réévaluer notre société. Le MMM montre une résistance aux idées novatrices et empêche toute voix alternative de s’élever.
  2. Aucune des commissions au sein du MMM n’a fonctionné après 2019, à l’exception de la Commission Développement Durable. Je tiens à saluer le travail acharné des jeunes qui dirigent cette commission particulière.

« Je n’adhère pas aux méthodes archaïques, imprégnées de « Realpolitik » de Bérenger, pour présenter des candidats »

 

  1. Après la pandémie de COVID-19, j’ai tenté de relancer le Policy Council que je dirigeais et j’ai proposé un certain nombre de nouvelles commissions sur des thèmes clés, dont une sur «la constitution et le Constitutionnalisme ». Non seulement je n’avais pas le soutien du BP, mais j’ai même été ridiculisée par certains. Je suis inspirée en grande partie par mon ethos, mes valeurs, ma vision et ma détermination à consolider les garde-fous de la démocratie, à reconstruire nos institutions, à renforcer la confiance entre les citoyens et les dirigeants, à démanteler le patriarcat et l’autoritarisme, ainsi qu’à lutter contre la pauvreté et les inégalités.
  2. Je crains que l’absence de cohérence et d’unité au sein de l’Opposition, en particulier la mise à l’écart des talents et des perspectives des jeunes et des femmes, ne nuise au pays. Une telle opposition fracturée n’aidera pas à déloger le système archaïque et pourri dont beaucoup d’entre nous souhaitent se débarrasser.
  3. La jeunesse et les femmes mauriciennes doivent avoir un espace, surtout si les politiciens du courant dominant croient vraiment en l’approfondissement de la démocratie.
  4. Le MMM n’est pas ouvert à discuter de l’idée d’une opposition unifiée et d’une pluralité d’idées. Cela impliquerait plus de « sacrifices ». Mais où sont les vrais patriotes prêts à faire de tels sacrifices ? Pourquoi cela devrait-il toujours être à ceux qui n’ont jamais eu l’opportunité de servir, mais qui regorgent d’idées novatrices et de passion pour une nouvelle île Maurice ?
  5. Je n’adhère pas aux méthodes archaïques, imprégnées de « Realpolitik » de Bérenger, pour présenter des candidats. Maurice 2024 exige davantage de compétence, d’intégrité et d’unité. Les divisions, ainsi que les politiques ethniques et de caste, doivent être éliminées — c’est aux politiciens de montrer la voie.
  6. Le Bureau politique du MMM a refusé d’ouvrir un débat honnête sur la question de la « sous-représentation des femmes/surreprésentation masculine » en politique, alors que j’en faisais appel il y a quelques semaines. J’ai de nouveau été l’objet d’un certain dénigrement, et j’ai répliqué. Paul Bérenger n’était pas du tout content.
  7. Je fais une distinction claire entre la discipline de parti et l’asservissement. Pour moi, seuls ceux qui respectent l’Autre peuvent imposer le respect.
  8. Le MMM, qui se proclame féministe, présente trop peu de candidates aux prochaines élections. Le parti ne semble pas du tout préoccupé par la « sous-représentation » des femmes. Ce phénomène a été décrit par le juge Albie Sachs et beaucoup d’autres comme un « déficit démocratique flagrant », mais qui s’en soucie vraiment ? Pas même Arianne Navarre Marie, ancienne ministre des Droits des femmes.
  9. Ma déception à l’égard d’Arianne Navarre Marie, membre senior du BP et ancienne ministre de l’Égalité des sexes, est totale. En 2024, elle affirme que le parti « fait son maximum », avec ses cinq candidates dérisoires.
  10. Elle se cache constamment derrière les arguments du « sacrifice » et de l’« Alliance ». Voici une ancienne ministre des Droits des femmes et de l’Égalité des genres qui aspire peut-être à redevenir ministre, mais qui n’est pourtant pas prête à se battre pour la cause !
  11. Arianne Navarre Marie a, en tant qu’ancienne ministre, participé à la signature de plusieurs conventions internationales et régionales concernant les droits des femmes, y compris les droits politiques des femmes. Je suis profondément préoccupée par de telles contradictions et incohérences dans le comportement des gens. Quel exemple cela donne-t-il aux jeunes générations ?
  12. La manière dont la présidente de l’aile féminine a été traitée et qui a conduit à sa démission ne m’a pas plu. Ce qui se déroulait était inacceptable à mes yeux. D’autres femmes ayant quitté le parti se sont également senties humiliées et m’ont confié leur expérience dans le passé. Nous y reviendrons plus tard.

« La représentation des femmes

devait être dissociée du débat

 sur la réforme électorale… Je le lui (Bérenger) ai poliment

 rappelé,  et cela a provoqué sa fureur ».

 

  1. Le MMM, comme un certain nombre d’autres partis traditionnels, souhaite obtenir le vote des femmes et « utilise » ses membres féminins pour se mobiliser, renforcer les structures patriarcales du parti, mais n’est pas disposé à partager le pouvoir avec elles pour une Maurice meilleure, plus inclusive et moins violente. Le MMM persiste dans son aveuglement insensible au genre.
  2. La tentative du parti de tromper les femmes en suggérant qu’il faut attendre une réforme électorale (qui n’arrivera peut-être jamais) pour obtenir une meilleure représentation des femmes en politique est inacceptable. En 2024, Bérenger lui-même avait souligné que la question de la représentation des femmes devait être dissociée du débat sur la réforme électorale. Cela figure dans le hansard. Je le lui ai poliment rappelé, et cela a provoqué sa fureur. C’était lors d’une réunion à sa maison de River Walk.
  3. L’Ile Maurice mérite beaucoup mieux. C’est le pays qui souffre lorsque ses meilleurs cerveaux (femmes et hommes) n’ont pas la possibilité de participer aux plus hautes sphères politiques et décisionnelles. La RUPTURE et le « Sanzman Pe Vini » dont nous entendons souvent parler commencent par la compétence, la vision et l’intégrité.
  4. Ma lutte pour qu’au moins un tiers des candidates se présentent aux prochaines élections (de préférence une par circonscription), en particulier à une époque où il est de plus en plus reconnu que les politiques doivent être élaborées en tenant compte de l’égalité des sexes, semble être tombée dans l’oreille d’un sourd. L’ONU a clairement souligné ce point, surtout maintenant que les progrès en matière d’Objectif de développement durable 5 — Égalité des sexes — s’érodent rapidement.

Je ne suis pas une « Bérengiste »…

Mais Bérenger n’aime pas qu’on

lui rappelle certaines vérités.

 

  1. Cependant, le MMM et l’ancienne ministre de l’Égalité des sexes, sans parler des autres candidats menacés, ne sont pas disposés à l’apprécier. Les intérêts immédiats prévalent sur la nature et la qualité de la démocratie.

 

  1. Conclure une alliance avec le Parti travailliste (et je dois souligner que j’ai toujours été en faveur de cette alliance) dans le cadre de mon paradigme d’une « opposition unifiée » ne devrait pas signifier laisser sur le carreau les femmes crédibles, intelligentes et compétentes de tous les partis d’opposition.

« L’absence de méritocratie

et de démocratie au sein du parti

 m’inquiétait de plus en plus… »

 

  1. Entre le MMM et le Parti travailliste, des efforts pourraient être faits pour avoir au moins 20 femmes candidates lors des prochaines élections, jusqu’à ce que nous atteignions un jour la parité. Bérenger a osé me dire quelque chose d’aussi stupide que : « … Navin Ramgoolam même pe met une seule femme candidate… ». Je savais que ce n’était pas vrai. Cela s’est passé chez Bérenger. Je lui ai encore donné mon point de vue. Cela ne lui plaisait pas du tout.
  2. L’absence de méritocratie et de démocratie au sein du parti m’inquiétait de plus en plus. En tant que membre du BP, j’avais l’impression que ma voix était de plus en plus étouffée. J’ai même été avertie au sujet de mes écrits dans la presse, en particulier au cours de la dernière année environ. Certains membres du parti m’ont dit que des gens qui me considéraient comme une « menace » avaient réussi à empoisonner l’esprit du leader contre moi.
  3. Le leader m’a décrite comme une « référence » dans le passé et il n’a fait que des éloges à mon égard lorsque j’ai refusé d’aller dans la circonscription n° 17 pour les élections de 2019, malgré le fait que je savais que je n’allais pas être élue dans la circonscription n° 11.
  4. J’ai rejoint le MMM à un moment où il était au plus bas, voulant aider Bérenger à reconstruire le parti. J’ai apporté un certain nombre de visages frais et compétents au parti – quelque chose que son cercle proche n’a pas fait depuis des années.
  5. Mais Bérenger n’aime pas qu’on lui rappelle certaines vérités. J’ai commencé à me demander comment le MMM pouvait prétendre promouvoir la méritocratie et la démocratie dans la société au sens large alors que le parti lui-même devient de plus en plus antidémocratique.

« J’ai eu le sentiment que

mon droit légitime d’être candidate

et d’avoir ainsi la possibilité

de servir le pays était écrasé » 

 

  1. La lettre que j’ai écrite à Paul Bérenger il y a quelques semaines, soulignant mon dévouement, mon travail acharné et mon engagement, lui demandant humblement de me présenter comme candidate au n° 17, ou dans d’autres circonscriptions que j’ai proposées comme options alternatives, est tombée dans l’oreille d’un sourd. Il n’était même pas ouvert à une discussion.
  2. J’ai eu le sentiment que mon droit légitime d’être candidate et d’avoir ainsi la possibilité de servir le pays était écrasé. Je considère que le désir de ceux qui croient qu’ils doivent être candidats pour toujours bloque la voie du changement et du renouveau. J’ai pris l’engagement que, si jamais je suis élue, je devrais trouver quelqu’un pour me remplacer après un ou deux mandats.
  3. Dix ans, c’est long pour n’importe qui pour apporter sa contribution. Il faut être assez humble pour penser qu’il y en a d’autres qui sont aussi bons qu’eux, voire meilleurs, et qui donnent au pays ses meilleures chances. Des leçons pour les vrais patriotes !
  4. Quelques personnes qui connaissaient ma frustration croissante m’ont demandé de rester, arguant qu’il y avait d’autres façons de servir son pays et qu’on me donnerait des récompenses importantes. J’ai trouvé cela encore plus odieux : « … c’est mal me connaître de croire que mon désir de servir pourrait être déterminé par des récompenses semblables. »
  5. Permettez-moi de rappeler à ceux qui lisent cette lettre ouverte que c’est ma conviction de servir et de le faire de manière désintéressée, détachée de tous les privilèges matériels, qui m’a fait démissionner de ma zone de confort en tant que professeur de sociologie et d’études du développement – le summum d’une carrière universitaire – pour entrer dans l’arène politique en 2014.
  6. Mon souhait d’obtenir un ticket : « Mon engagement » est principalement motivé par le désir de s’attaquer aux problèmes des pauvres, des opprimés et des défavorisés, de revisiter notre système d’éducation et de santé, d’arrêter le désastre écologique et le bétonnage, de créer des emplois pour les jeunes, de donner plus de dignité aux personnes âgées et aux handicapés, car ceux-ci sont essentiels au type de société dans laquelle nous souhaitons vivre.
  7. Le parlement est l’endroit le plus approprié où l’on peut apporter efficacement ses idées et sa contribution pour faire une différence dans la condition humaine.
  8. Je ne suis pas une « Bérengiste ». Je l’ai déjà dit. J’étais l’une des rares à parler quand c’était nécessaire, tandis que la plupart des autres se taisaient et suivaient la ligne de Paul Bérenger.
  9. Dernièrement, j’avais cessé d’élever la voix – l’atmosphère était devenue trop étouffante et toxique ! Ce n’est pas l’idée que je me fais de la façon dont les partis politiques devraient fonctionner et je ne peux pas tolérer l’idée que les partis politiques devraient devenir la propriété privée du chef.
  10. Le comble de tout cela, c’est quand certaines personnes qui sont en politique depuis très longtemps me disent de leur propre bouche qu’elles sont « devenues cyniques à l’égard de la politique » et que le fait d’être expulsés (ordered out) du parlement par le Speaker leur donne souvent le temps de s’occuper de leur famille, etc., et qu’elles ne sont plus intéressées à se présenter aux élections. Et puis, à l’approche des élections, ces mêmes gens-là vous disent : « Ils ont une passion pour la politique et ils vont se représenter ».
  11. Elles pensent soudain qu’elles sont devenues « indispensables ». Je n’ai jamais adhéré à la théorie de l’indispensabilité. L’humilité et l’indivisibilité ne peuvent être réconciliées. J’ai choisi la première car elle fait partie de l’héritage que je souhaite laisser aux jeunes générations.
  12. Comme Rouma Bahadoor, l’ancienne présidente de l’aile féminine, j’ai senti que j’en avais assez et j’ai décidé de quitter le parti, mais certainement pas d’abandonner mon engagement politique.
  13. Je n’aurais pas écrit cette lettre ouverte si les gens ne l’avaient pas demandé, mais beaucoup de Mauriciens ont voulu connaître les vraies raisons. J’espère que cela a clarifié les choses.
  14. Je suis encore plus réconfortée suite à ma démission du MMM, surtout après avoir entendu les mots utilisés par Bérenger à mon égard en commentant ma démission.
  15. Aucun être humain, en particulier les femmes qui luttent dans un domaine dominé par les hommes comme la politique, ne devrait être soumise au dénigrement, à l’humiliation ou à toute forme de violence, verbale ou autre.
  16. Bérenger devrait savoir que la culture machiste dont il est imprégné appartient à une autre époque et que la dignité humaine doit primer sur tout.

En 2024, les électeurs et électrices souhaitent un parlement composé de personnes intègres, intellectuellement rigoureuses et profondément humaines.

Le 9 août 2024,

Sheila Bunwaree

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