Condamné par la Cour d’Assises le 1^er août dernier à 15 ans de prison pour le meurtre de la styliste Vanessa Lagesse, Bernard Maigrot a interjeté appel au courant de cette semaine.

Dans son affidavit, Bernard Maigrot vient de l’avant avec pas moins de 33 ‘grounds of appeal’ pour demander que sa condamnation soit cassée. Il avait été reconnu coupable à une majorité de sept contre deux par le jury.

Le principal argument de Bernard Maigrot tourne autour de la recevabilité du témoignage et des arguments mis en avant par le Pr Doutremepuich dans son rapport daté du 1ᵉʳ avril 2011 qui n’avait pas été révélé à la défense et dans sa déposition devant le tribunal.

Selon Bernard Maigrot, le juge Lutchmeeparsad Aujayeb a failli dans sa tâche quand il a permis à la poursuite de venir de l’avant avec les conclusions du ‘washing test’ par l’intermédiaire de la Doctoresse Madhub-Dassyne, du Forensic Scientific Laboratory. Il ajoute que ses droits constitutionnels ont été bafoués du fait que ces preuves et ce rapport n’ont pas été révélés à la défense avant le procès.

Bernard Maigrot dénonce également le fait que le juge Aujayeb n’ait pas ordonné la tenue d’une enquête préliminaire par rapport aux nouvelles preuves d’ADN que la poursuite disait détenir. Il estime que le juge aurait également dû mettre fin au procès en 2023 sur la base de ces éléments comme l’avait fait l’ancien juge Benjamin Marie-Joseph.

Bernard Maigrot soutient par ailleurs que lors de son ‘summing-up’ le juge n’a pas suivi les procédures et n’a pas guidé le jury convenablement sur la manière dont son ADN avait été transféré aux pièces à conviction et sur le fait que le Professeur Doutremepuich n’avait pas été crédible sur le comment et quand du ‘washing protocol’.

Selon l’accusé, le juge Aujayeb aurait dû demander au jury d’ignorer le témoignage du Professeur Doutremepuich sur ce protocole de lavage du fait que le témoin lui-même avait mis en doute sa fiabilité.

Bernard Maigrot remet également en question parmi ses points d’appels l’heure du décès de la victime situé à 1h du matin par le Dr Satish Boolell qui avait pourtant fait ressortir avoir pris en considération ce qu’une tierce personne lui avait dit, ce qui équivaut à du ‘hearsay’ donc non admissible en Cour.

L’accusé met également en exergue les témoignages d’Isabelle Maigrot et de Martine Desmarais par rapport à  son alibi, l’absence de mobile du crime, les traces de pas dans la maison qui démontrent qu’il est possible que plusieurs personnes ont participé à l’agression ainsi que des traces d’empreintes et d’ADN qui n’ont pas été identifiées.

Bernard Maigrot estime que pas assez d’importance n’a été accordé par le juge sur le fait que plus de 23 ans se sont écoulés depuis le décès de Vanessa Lagesse et que ce délai porte préjudice à l’accusé par rapport aux preuves et témoignages. Il estime que pour toutes ces raisons, sa sentence de 15 ans est également ‘harsh and excessive’.