Gonflés à bloc, les Français chantaient La Marseillaise avant que la soirée commence à la piscine de l’Aréna Paris La Défense. Et quand Léon Marchand est monté sur la plus haute marche du podium une quarantaine de minutes plus tard, ils l’ont chantée encore plus fort! Leur nouveau héros national venait de leur offrir la performance la plus dominante de tous les temps.q2

Léon Marchand avait fait écarquiller les yeux de beaucoup de gens aux Jeux de Tokyo en s’offrant, à l’âge de 19 ans, une fort belle 6e place au 400 m quatre nages. Depuis ce temps, le petit Léon est cependant devenu une véritable bête.

Il a peaufiné son art à l’Université Arizona State aux côtés de l’entraîneur Bob Bowman, qui était à une autre époque le mentor de Michael Phelps. Et l’an dernier, aux mondiaux de Fukuoka, Marchand a jeté tout le monde à la renverse en signant un époustouflant 4 min 2 s 50/100 dans sa discipline fétiche. Ce résultat canon a du même coup effacé le record mondial que détenait Phelps, le plus grand nageur de l’histoire, depuis 15 ans.

Léon Marchand était donc attendu avec énormément de fébrilité dimanche soir avant la finale du 400 m quatre nages. Et tant qu’à remporter sa première médaille d’or, le nouveau héros national s’est arrangé pour qu’elle soit mémorable.

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Arrivé à cette étape du texte, il serait sans doute utile de vous raconter la course. Sauf qu’il n’y en a jamais eu.

Marchand est parti comme une fusée et n’a jamais été inquiété par la suite. À un certain moment dans les 50 premiers mètres de la troisième nage (la brasse), il semblait en voie de se forger une surréaliste avance d’un tiers de piscine. Quand il a effectué son virage et qu’il a constaté qu’il était fin seul, il a continué de pousser la note afin d’offrir un record mondial à ses compatriotes survoltés.

Il était d’ailleurs très bien placé pour le faire parce que sa cadence étant plus rapide que celle de sa marque mondiale de 2023.

Il a toutefois légèrement ralenti lors des 100 derniers mètres pour finalement toucher le mur en 4:02,95. Resté à 45 centièmes de seconde de son record mondial, il a tout de même comblé la foule avec une marque olympique.

À ceux qui se demandent pourquoi le premier paragraphe de ce texte évoquait la performance la plus dominante de tous les temps, voici la réponse…

Léon Marchand a touché le mur avec 5,67 secondes d’avance – une éternité – sur le médaillé d’argent, le Japonais Tomoyuki Matsushita (4:08,62). L’Américain Carson Foster a pour sa part décroché le bronze en 4:08,66.

Dans toute l’histoire du 400 m quatre nages, qui a été introduit aux Jeux olympiques en 1964, à Tokyo, jamais un nageur masculin n’avait remporté cette épreuve avec un écart aussi considérable.

À titre d’exemple, lorsqu’il était à son apogée, en 2008, Michael Phelps l’avait emporté avec une priorité de 2,32 secondes. Et au cours des 60 dernières années, jusqu’à dimanche soir, c’est dans cet ordre de grandeur que s’étaient exprimés les nageurs les plus dominants de la planète dans cette épreuve.

Quand on y pense, il est assez hallucinant que Léon Marchand ne soit pas parvenu à signer un record mondial en exerçant la plus grande suprématie jamais vue dans cette course.

Léon peut être meilleur que cela. Il n’a pas atteint son plein potentiel. Il a très bien nagé ce soir. Cela dit, il peut assurément nager plus rapidement que cela. Je le considère comme le meilleur au monde parce qu’il possède tous les atouts. Il a la vitesse, l’endurance, et il maîtrise parfaitement les phases qui se déroulent sous l’eau, a commenté son entraîneur Bob Bowman, qui s’est joint à l’équipe française à l’occasion des JO.

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Bowman, qui a commencé sa carrière d’entraîneur au milieu des années 1980, a dit n’avoir jamais vu une foule aussi considérable se ranger derrière un héros local avec autant de vigueur et de passion. Porté aux nues par son peuple, Léon Marchand a vécu une soirée qu’il n’oubliera pas de sitôt.

C’est difficile de décrire mes émotions. C’est à la fois incroyable et extrêmement rare pour un nageur de pouvoir vivre une telle expérience. J’ai eu l’occasion de me trouver ici, devant les Français, et d’être suffisamment en forme pour nager à mon niveau. Je l’ai donc simplement fait, a commenté le jeune homme de 22 ans.

Fils de Céline Bonnet et Xavier Marchand, deux olympiens qui ont représenté la France en natation, Léon Marchand semble avoir hérité d’un extraordinaire bagage génétique. En Bob Bowman, il a de toute évidence trouvé le mentor capable de lui apprendre à l’exploiter au maximum.

Léon Marchand participera aussi au 200 m quatre nages, au 200 m papillon et au 200 m brasse d’ici la conclusion des compétitions. À en juger par la manière dont il a nagé, il a de fortes chances de remporter quatre médailles d’or et d’être sacré le roi de ces JO, devant les siens. Les Français vont fêter fort si ça se produit.