Ce jeudi 18 juillet, après une déclaration la veille, Adrien, le fils de Bernard Maigrot, a été interrogé par Me Darshana Gayan, avocate de la poursuite. Les audiences entourant la sentence de Bernard Maigrot pour le meurtre de Vanessa Lagesse ont ensuite pris fin, après les plaidoiries des avocats de la poursuite et de la défense.
Lors de sa plaidoirie, Me Gavin Glover, avocat principal de Bernard Maigrot, a abordé le délai dans cette affaire, soulignant que Bernard Maigrot avait été jugé 23 ans après le délit. Il a fait référence à l’affaire récente Ruhumatally, où la Cour d’Assises avait accepté qu’un délai de 10 ans entre les faits et le procès justifie une déduction de peine. Dans le cas présent, le délai était beaucoup plus long.
Il a argumenté que la défense ne pouvait être tenue responsable de ce délai et a souligné des laps de temps non expliqués par la poursuite. Il a jugé que la Cour devait prendre en compte cet “Inordinate Delay” avant de prononcer la sentence. Selon lui, ce délai de 23 ans a été préjudiciable à Bernard Maigrot, qui n’a pas pu faire entendre certains témoins clés, dont Isabelle Maigrot.
Il a également souligné l’anxiété subie par Bernard Maigrot pendant toutes ces années, vivant avec une “épée de Damoclès”, sur la tête. Il a vécu 21 ans sous liberté conditionnelle, quoique les conditions de cette liberté aient été assouplies par les tribunaux au fil des années.
En ce qui concerne la torture dont Bernard Maigrot a fait état, il a soutenu que la cour doit prendre en considération toutes les circonstances entourant cette affaire avant de prononcer la sentence, et cela inclut le traitement qui a été infligé à Bernard Maigrot. Il est d’avis que la Cour ne doit pas accepter de telles violations des droits constitutionnels de quiconque, dont la prohibition de tout traitement inhumain et dégradant. Selon lui, Bernard Maigrot avait été soumis à un châtiment cruel alors qu’il était présumé innocent.
L’avocat a également invité la Cour à prendre en considération le fait que Bernard Maigrot ne pourrait vraisemblablement plus voir sa femme malade une dernière fois, ainsi que son état de santé et son âge. Il a réfuté l’argument de Me Gayan selon lequel Bernard Maigrot aurait commis des actes de violence dans le meurtre de Vanessa Lagesse. Ainsi, le médecin légiste, le Dr Satish Boolell, n’a pu dire avec certitude s’il y avait des complices. De ce fait, personne ne sait qui a fait quoi lors de cette agression meurtrière.
Me Glover a conclu qu’il ne peut y avoir de ‘Modest Deduction’ dans cette affaire compte tenu de toutes ces circonstances atténuantes, et a demandé à la Cour de considérer une sentence qui ne dépasse pas 10 ans.
Peine maximale de 20 ans de prison
Pour sa part, Me Darshana Gayan a évoqué les circonstances aggravantes de l’affaire, notamment l’élément de confiance entre l’accusé et la victime, qui a été brisé. Elle a ajouté que les blessures infligées à la victime démontrent la violence de l’attaque. La Senior Assistant Director of Public Prosecutions a aussi évoqué la question de la proportionnalité dans la sentence. Elle a fait référence aux cas de « manslaughter » commis avant l’amendement du Code pénal en 2007 et dont la sentence a été prononcée après. Pour Me Gayan, « there was no undue delay » dans cette affaire.
Elle a rappelé qu’en 2001, une personne reconnue coupable de « manslaughter » était passible d’une peine maximale de 20 ans de prison. Le Code pénal a été amendé en 2007, et la sentence pour les cas de « manslaughter » a été augmentée. Une personne reconnue coupable de « manslaughter » après l’amendement est passible d’une peine maximale de 60 ans de prison.
Par ailleurs, Me Darshana Gayan a avancé que les conditions médicales de Bernard Maigrot et l’état de santé de son épouse ne peuvent être pris en compte pour déterminer la sentence. « He will probably never see his wife face to face again », a affirmé l’avocat de la défense. Pour la poursuite, les allégations de brutalité policière évoquées par l’accusé ne sont pas qualifiées comme des facteurs atténuants.
La représentante de la poursuite a également souligné que Bernard Maigrot avait adopté une conduite des plus normales après la mort de Vanessa Lagesse. Le juge Lutchyparsad Aujayend a alors indiqué qu’il rendra la sentence le 1er août.
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