Goolam Khodabux, âgé de 60 ans, rend l’âme aux soins intensifs de l’hôpital Dr. A. G. Jeetoo 

Une accusation de meurtre est retenue contre sept suspects, dont Issa Bacsoo, un chef de gang 

Y avait-il une intention de créer du désordre dans le pays ?

Le pire était envisagé… après avoir été violemment agressé à coups de sabre par plusieurs assaillants, lors d’une bagarre sur le rond-point de Camp-Yoloff, vendredi dernier, Goolam Khodabux, retrouvé dans une mare de sang sur l’asphalte, n’a pas pu survivre. Cet habitant de Terre-Rouge, âgé de 60 ans, a poussé son dernier soupir aux soins intensifs de l’hôpital Dr. A. G. Jeetoo, ce jeudi matin 9 mai. Cela après avoir subi plusieurs interventions chirurgicales et lutté pour sa survie depuis ce jour fatidique.

Ce décès vient ainsi changer la donne de l’enquête menée par la brigade criminelle (CID) de Port-Louis Nord et la Major Crime Investigation Team (MCIT), concernant cette violente confrontation entre gangs dans une ruelle de la capitale. Alors que les sept suspects arrêtés dans cette affaire faisaient face à une accusation provisoire d’agression avec préméditation, ils seront désormais poursuivis pour meurtre de sang-froid. Leur comparution devant la justice a eu lieu dans la matinée de ce vendredi 10 mai.

Scènes de violence

Cette histoire avait déjà choqué plusieurs Mauriciens surtout les internautes qui ont pu visionner les images de cette rixe sanglante sur les réseaux sociaux. En effet, en ce début de semaine, après que des médias ont relayé des infos sur une violente altercation entre deux clans, la violence réelle de cette rixe s’est exprimée à travers une vidéo capturée par la caméra Safe City du rond-point ABC et partagée sur la toile.

Sur celle-ci, on voit deux groupes d’individus, munis de bâtons et de sabres, échanger des coups après s’être donné rendez-vous.

Dans les faits, deux motocyclettes avec trois hommes environ étaient en stand-by sur la route de l’abattoir à Roche-Bois.

À un moment donné, sur ce lieu de rendez-vous, une voiture est arrivée avec à son bord quatre personnes, dont le sexagénaire Goolam Khodabux. Ce dernier, en compagnie de son fils et de son gendre, est descendu de la voiture, tandis que le chauffeur est resté au volant. Cependant, à peine le temps de faire les présentations, alors qu’il n’y avait que trois personnes dans le camp adverse, cinq autres individus à moto ont soudainement débarqué, et s’en est suivi une violente confrontation où les deux clans ont sorti leurs armes.

Dominée par le gang opposé, qui était plus nombreux, la famille Khodabux s’est rapidement retrouvée en difficulté. Ils ont essayé de battre en retraite, mais ce n’était pas non plus chose aisée. Les images montrent d’ailleurs les assaillants poursuivant la voiture qui avait réussi à ramasser et à transporter deux des victimes. Ces derniers sont ensuite revenus sur les lieux et se sont acharnés sur l’homme de 60 ans qui était à terre. Puis, ils ont pris place dans une voiture, laissant la victime Goolam Khodabux gravement blessée sur place.

Respiratoire artificielle

Entre-temps, la police du poste de Trou-Fanfaron, a été alertée et est arrivée sur les lieux. Sur place, ils n’ont vu que Goolam Khodabux, gisant sur le bitume. Ce dernier n’a pas pu fournir de détails sur l’agression en raison de son état de santé. Puis, son fils Nadhir Khodabux et son gendre, Ikhelase Dilmamode, également blessés, les ont rejoints et ont été conduits à l’hôpital. À dimanche, l’un des trois blessés avait quitté l’hôpital alors que le sexagénaire était sous respiration artificielle.

Goolam Khodabux ayant subi de graves blessures sur différentes parties du corps est demeurée mal en points même après avoir subi des interventions. Il est resté en soins intensifs et dans un état préoccupant. Dans la matinée de ce jeudi 9 mai, ce que les médecins redoutés, arriva. Le retraité n’a pas survécu à ses blessures. L’habitant de Terre-Rouge a rendu l’âme aux soins intensifs de l’hôpital Dr A. G. Jeetoo, après avoir lutté pour sa survie pendant six jours.

Traque de la MCIT

Depuis cette affaire, la police s’est activée pour retrouver les coupables et éclaircir cette histoire. Grâce aux images des caméras Safe City au rond-point de Roche-Bois, la brigade criminelle (CID) de Port-Louis Nord et la Major Crime Investigation Team (MCIT) avaient identifié les présumés agresseurs. La CID de Port-Louis Nord, menée par les surintendants de police (SP) Ramsawok et Bansoodeb avait multiplié les descentes en vue de remonter jusqu’aux suspects. Recherchés depuis vendredi soir, Issa Bacsoo, Meraj Bageeruty, Sharad Kurmally, Nadhiir Chetty et Kenwell Marie se sont présentés, accompagnés de leurs hommes de loi, à la CID de Port-Louis Nord, samedi après-midi. Ils ont été placés en état d’arrestation.

Le dimanche 5 mai, ils ont été provisoirement inculpés d’agression avec préméditation devant la Bail & Remand Court (BRC). L’exercice s’est déroulé sous forte présence policière : GIPM, SSU et MCIT et CID Port-Louis Nord. Ils ont ensuite été interrogés par la Major Crime Investigation Team North, qui a pris le relais dans cette enquête, cette semaine. Alors que deux des trois autres membres du clan qui été activement recherchés par la police, ont été arrêtés ce mardi. Nawfar K, 28 ans, habitant Vallée-Pitot, et Nasif H, 25 ans, issu de Terre-Rouge, ont été inculpés provisoirement de tentative de meurtre devant le tribunal de Port-Louis, ce mercredi.

Gang dirigé par Issa Bacsoo

Selon la police, les suspects Bacsoo, Bageeruty, Kurmally, Chetty et Marie, de habitants de Terre-Rouge et de Port-Louis, âgés entre 23 et 32 ans, qui sont connus des services de police, appartiennent à un gang dont le leader serait Issa Bacsoo, lui-même.

Un des membres du gang a expliqué qu’une affaire de vol de portable serait à l’origine de cette bagarre. Selon lui, une altercation avait déjà eu lieu dans la région de Karo Kalyptis, à Roche-Bois, le vendredi matin précédent. Ce jour-là, un individu venant de Camp Yoloff s’était rendu dans ce faubourg de Roche-Bois, et, alors qu’il était sur place, son téléphone avait commencé à sonner. Cet homme aurait alors été malmené et giflé, puis son téléphone cellulaire aurait été saisi.

De retour dans son quartier à Camp Yoloff, il s’est plaint auprès d’Issa Bacsoo. La tension a vite monté entre les deux groupes. Les échanges sont devenus hostiles. Des négociations ont été entamées pour récupérer le téléphone cellulaire. C’est ainsi que les deux groupes ont fini par croiser le fer lors de ce rendez-vous, où ils étaient censés rendre le portable.

À noter qu’à sa sortie du tribunal, Issa Bacsoo a lancé une pique à un membre du clan rival : « Kan tir sab koupe, pa fer attempt ».

Les observateurs s’interrogent sur cet incident grave qui a choqué les Mauriciens. Des éléments proches de l’Opposition sont connus pour entretenir des relations avec certains des protagonistes des gangs. On sait que derrière plusieurs incidents survenus ces dernières années, ils y avaient des tentatives désespérées de créer du désordre dans le pays dans le but de renverser le gouvernement.   Mais ils n’y ont pas réussi car le gouvernement et les autorités veillent au grain.