Franklin, fatigué de ses combats juridiques, consent à son extradition vers La Réunion
La balle désormais dans le camp de l’Attorney General
Yatin Varma craint que son client ne bénéficie pas d’un procès équitable
Le dénouement est intervenu dans la demande d’extradition initiée par le Bureau de l’Attorney General afin que Franklin se rende aux autorités réunionnaises pour faire face à sa condamnation par contumace pour délit de trafic de drogue. Alors que le natif de Rivière-Noire s’est fortement opposé à cette demande depuis plus d’un an et que sa demande de Judicial Review est en cours devant la Cour Suprême, le trentenaire a finalement décidé de capituler. Il a donné son consentement pour être extradé vers La Réunion le plus vite possible. L’annonce a été faite par son avocat, Me Yatin Varma, après une réunion avec les parties concernées.
Selon les informations, Yatin Varma accompagné de Me Alexandre Leblanc et de Me Deepak Soobhug (avoué), a rencontré leur client à la prison de haute sécurité de Melrose pour régler les détails de l’affaire d’extradition. Les avocats ont expliqué au prévenu qu’ils pouvaient soulever plusieurs points valides lors de la Judicial Review demandée contre le jugement ordonnant son extradition, demandée en Cour Suprême le 26 janvier.
Selon Me Varma, malgré les possibilités de recours offertes par la Judicial Review et tout appel possible au Privy Council, Franklin a pris en compte le temps qu’il passerait en détention en attendant le dénouement de ces procédures, qui durent depuis plus d’un an. L’avocat a souligné que le consentement à l’extradition n’est cependant pas un aveu de culpabilité. Il a affirmé que Franklin continue de clamer son innocence et maintient qu’il n’a jamais mis les pieds à La Réunion, à l’exception d’une escale il y a quelques années.
Selon l’avocat, la décision résulte uniquement du fait que Franklin a déjà passé plus d’une année derrière les barreaux et veut à tout prix en finir avec ses démêlés. D’ailleurs, Me Varma a confirmé qu’il a déjà informé la greffe de la Cour suprême du retrait formel de la demande de Judicial Review, pour que l’extradition par voie aérienne soit faite au plus vite.
Les étapes qui restent à franchir sont le retrait de la demande de Franklin pour obtenir la liberté sous caution. Également, l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) doit aussi retirer les accusations provisoires de blanchiment d’argent logées contre Franklin, soit des infractions aux sections 3, 6 et 8 de la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act (FIAMLA).
Crainte d’un procès inéquitable
Dans sa déclaration, l’homme de loi a exprimé ses craintes quant au fait si Franklin pourra jouir d’un procès équitable à l’île sœur. Le dossier à charge contre Franklin et Jérémy Désiré Décidé (alias Nono), le complice présumé de Franklin, qui avait déjà été extradé vers La-Réunion le 18 août 2023, est en grande partie constitué du témoignage du Réunionnais, Laurent Mariaye. Ce dernier avait en effet identifié les deux Mauriciens comme ses contacts mauriciens dans le trafic de zamal entre Maurice et La-Réunion, et cela à partir de photos.
En ce qui concerne Jérémy Décidé, il avait été rejugé par la justice réunionnaise une fois extradé et sa sentence avait été réduite de 7 à 4 ans. Mais Me Varma fait ressortir que ce dernier n’a apparemment pas bénéficié d’un procès équitable, où les preuves contre lui ont été remises en question. Il n’a ainsi pas eu l’opportunité de contre-interroger les personnes qui avaient déposé contre lui et de se disculper. Il a été plutôt question d’une procédure d’appel qui n’a largement fait que confirmer le jugement par contumace rendu contre lui.
« Il n’y a aucune indication si la justice réunionnaise passera en revue les faits qui sont reprochés à Franklin ou s’il aura l’opportunité de contre-interroger les personnes qui ont déposé contre lui. De tels procédés sont contraires au concept d’un procès équitable sous la Constitution mauricienne », affirme l’homme de loi, ajoutant que « les autorités mauriciennes devront assumer leurs responsabilités dans cette affaire ».
Pour rappel, Franklin et son acolyte présumé Nono étaient recherchés par les autorités françaises après leur condamnation à sept ans de prison par contumace le 2 juillet 2021 par le tribunal correctionnel de St. Denis pour trafic de zamal entre La-Réunion et Maurice. Les autorités françaises avaient formulé une demande formelle d’extradition le 21 février 2023. L’Attorney-General, Maneesh Gobin, avait alors enclenché la procédure d’extradition devant la Cour de district de Port-Louis, procédure qui avait débuté le 6 avril 2023. La magistrate Shavina Jugnauth, qui avait présidé cette procédure, avait ordonné l’extradition de Nono en août 2023 et celui de Franklin le 12 janvier dernier.
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