« Je ne peux pas arrêter de pleurer », glisse Olga. Quelques heures plus tôt, cette résidente de Moscou apprenait le décès, survenu vendredi, de l’opposant russe Alexeï Navalny. « Il était notre espoir. Il nous disait de ne pas avoir peur et d’être forts. Et on essayait d’être forts. »
L’homme purgeait une peine de 19 ans d’emprisonnement pour « extrémisme » dans une colonie pénitentiaire de l’Arctique. De nombreux dirigeants occidentaux ont directement reproché à Moscou la mort, à un mois de l’élection présidentielle russe, du critique le plus virulent de Vladimir Poutine. Pour le premier ministre canadien, Justin Trudeau, la mort de Navalny rappelle « au monde entier à quel point Poutine est un monstre » et « à quel point [il] est déterminé à réprimer quiconque se bat pour sa liberté ».
« Poutine est responsable de la mort de Navalny », a prévenu le président américain, Joe Biden. « Dans la Russie d’aujourd’hui, on met les esprits libres au goulag et on les y condamne à la mort », a pour sa part dénoncé le président français, Emmanuel Macron, sur le réseau social X.
“La mort soudaine d’Alexeï Navalny nous a tous bouleversée”, poursuit Emmanuel Macron au cours de la conférence de presse. “Elle rappelle, de la plus tragique des manières, la réalité du régime du Kremlin et son durcissement. Oui, la Russie est entrée dans une nouvelle phase et nous devons être lucides. Nous demandons à la Russie de faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame. En tout état de cause, cet événement tragique ne fera que renforcer notre mobilisation sur le sort des prisonniers politiques.”
Même si on ne connaît pas la cause exacte de la mort de Navalny, le Kremlin est indiscutablement le responsable de cette tragédie, analyse la politologue russe Vera Grantseva, professeure à Sciences Po Paris et ex-experte des relations internationales à la mairie de Saint-Pétersbourg. « Le régime Poutine a consciemment et délibérément emprisonné une personne innocente, un opposant politique, dont le seul “problème” était qu’il s’opposait au Kremlin », souligne-t-elle.
Maintes fois arrêté et emprisonné, Navalny — qui dénonçait la corruption du régime Poutine — avait survécu en 2020 à une tentative d’assassinat par empoisonnement avec l’agent neurotoxique Novitchok. Après une convalescence de plusieurs mois en Allemagne, il était rentré en Russie, où il avait été arrêté et envoyé dans un camp de travail.
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