Le chiffre trois sera certainement symbolique en cette année électorale qu’est 2024. Alors que Pravind Jugnauth et ses partenaires visent un trois à la suite, Navin Ramgoolam et son équipe de ramassis veulent éviter une troisième défaite de suite après les débâcles de 2014 et 2019. Il sera également question de l’émergence d’une troisième force politique en 2024 et ils sont au moins trois groupuscules à convoiter ce titre.
En dehors du fait qu’on est dans une année électorale même si la constitution permet à Pravind Jugnauth de tenir jusqu’en mai 2025, cette année 2024 sera très particulière pour le monde politique. Elle sera une année préparatoire et qui dit préparatoire dit également surenchère politique. Déjà cette surenchère a commencé depuis quelques semaines avec la publication et la confirmation par la suite de Paul Bérenger, des supposés cinq points phares du programme que compte présenter l’alliance PTr-MMM-PMSD. Mais comme dirait l’autre ce n’est que du vent. Rien de concret. Le Premier ministre et son équipe ne vont certainement pas chômer pendant l’année en cours non seulement pour préparer les prochaines élections, mais surtout pour l’avancement et le développement du pays. Chaque région du pays est un chantier à ciel ouvert. Il y a des projets de développement partout et il n’y a que ceux qui ne veulent pas voir qui ne trouveront rien de bon dans ce que fait le gouvernement. Mais ou conné ou, développement pé vine divant ou la porte.
Mobilisations
2024 sera sans doute marquée par la tenue du très probable dernier meeting du 1er mai avant les prochaines élections générales. Ce sera une occasion pour les principaux blocs politiques de faire leur rapport de force avant l’échéance fatidique. Si en 2023, l’Alliance PTr-MMM-PMSD disait qu’ils veulent rendre ce jour de congé aux travailleurs, il serait intéressant de suivre leur langage cette année. « Zot bisin arrête zazer », nous affirmait jeudi matin un aîné en allant toucher sa pension. Toutefois, les mobilisations risquent de se compliquer cette fois-ci puisque les quatre mois seront surtout réservés aux célébrations religieuses avec le Thaipoosam Cavadee, le Maha Shivratree, le carême Chrétien et surtout le Ramadan qui arrive plus tôt cette année. Ce qui laissera une moyenne de 15 jours aux partis politiques pour rassembler et mobiliser leurs troupes dans les 20 circonscriptions.
Recensement des électeurs
Il faut dire que les deux premiers mois de l’année seront marqués par le recensement des électeurs avec les nouvelles délimitations des circonscriptions. Chacun a le devoir de s’y inscrire et de veiller à ce que son nom figure sur la liste électorale qui sera officielle en août de cette année.
Budget 2024/2025
L’exercice budgétaire de cette année retiendra pleinement l’attention. Cet exercice servira surtout de tremplin au gouvernement pour jeter les bases pour un prochain mandat. Ne dit-on pas que gouverner c’est prévoir ? Il sera impératif que le gouvernement du jour prépare ce budget national avec le même sérieux et rigueur que les années précédentes sans se lancer dans une surenchère politique qui nuira à l’économie. Ce sera ainsi l’un des défis majeurs pour le gouvernement pour améliorer la vie des Mauriciens touchés de plein fouet par l’inflation mondiale. Mais ce sera important de bien choisir ses options pour ne pas donner la chance à l’opposition de rebondir sur les mesures. L’île Maurice ne produit pas suffisamment pour pouvoir échapper à crise mondiale qui se dessine encore. Il nous faut ainsi se fier aux marchés internationaux déjà saturés et en grosses difficultés. C’est pourquoi le gouvernement veut accroître notre autosuffisance. Il faut tout mettre en œuvre pour encourager la production locale et la vente de nos produits sur le marché mauricien.
Le gouvernement et les institutions doivent également revoir certains règlements pour permettre aux citoyens de se lancer dans l’entreprenariat. Ne pas se contenter uniquement du label Ease of Doing Business, mais il faut que dans la pratique le citoyen mauricien puisse avoir des facilités à lancer son commerce. Accorder plus de facilité ne veut pas dire sans règlementations mais les autorités pourraient éventuellement limiter certaines choses comme les permis pour les petits commerces qui découragent justement les Mauriciens à se lancer.
A l’épreuve du temps et des coffres
L’autre défi politique qui nous attend cette année sera de voir le fonctionnement de l’Alliance PTr-MMM-PMSD. Pour le moment, l’alliance tient toujours mais la cohabitation n’a surtout pas été facile depuis la concrétisation de celle-ci. Un fort courant anti-Navin Ramgoolam circule toujours au sein des différents partis engagés dans cette alliance, alors que chez les rouges nombreux sont réfractaires à faire confiance à Paul Bérenger. Le PMSD entre les deux ‘pe manze coups’ en attendant de voir plus claire sur la situation politique en générale. C’est une certitude que l’Alliance de l’opposition sera mise à l’épreuve du temps en 2024.
Cette année sera aussi marquée par les va-et-vient de Navin Ramgoolam devant la Financial Crimes Division de la Cour Suprême dans l’affaire des Coffres-Forts. Pour rappel en 2023, l’ancien Premier ministre avait vu sa demande ‘for leave’ dans cette affaire devant le Privy Council rejetée.
Si les principaux dirigeants de cette alliance pratique aujourd’hui encore une politique de l’autruche en se cachant la face lorsque la question de répartition des tickets entre les trois partis sont évoqués. Qui du MMM et du PMSD va accepter de se courber devant Navin Ramgoolam pour sacrifier ses tickets ? On voit mal Paul Bérenger et le MMM accepter moins de 20 tickets, même si les mauves ne valent pas grand-chose aujourd’hui et le PTr a depuis le début des négociations tripartite insisté pour garder ses 30 tickets et le poste de Premier ministre. S’ils ont fait fuiter les 5 points phares de leur future programme électoral, l’Alliance de l’opposition est très loin de convaincre avec ses propositions réchauffées et retravaillées depuis les 80 reformes, dont la plupart sont irréalisables, de Roshi Bhadain.
Financial Crimes Commission
Cette nouvelle institution va sans doute retenir l’attention en 2024. Il s’agira dans un premier temps la nomination de la personne qui sera responsable de cette nouvelle entité et bien sûr des travaux de la commission qui débuteront au cours de l’année.
Pas de troisième force à l’horizon…
Outre l’Alliance Morisien et l’Alliance de l’Opposition, nous avons également dans l’arène politique d’autres groupuscules qui veulent émerger cette année. L’Alliance Nando Bodha/Rama Valayden tentera de jouer aux troubles fêtes mais ils sont très très loin du compte. D’une part nous aurons d’autres partis dont le Reform Party, En Avant Moris et One Moris qui jouent malheureusement dans la même catégorie que le Parti Malin.
La perspective…
Prenant en considération sa victoire en 2023 devant le Privy Council, ses mesures pour soulager la population, ses efforts à combattre la fraude et la corruption, son travail sans relâche pour casser les reins de la mafia de la drogue, les efforts de son gouvernement à prendre les mesures les plus difficiles pour apporter un peu de lumière pour tous les Mauriciens mais aussi son travail propre, honnête et intègre, on ne voit pas comment Pravind Jugnauth ne réalisera pas la passe de trois…
Ek baar phir, Pravind Sarkar !
Bonanga Lilongwe.
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