‘Mo content apprend et mo pu vine lauréate,’ lance Kelvina dont la famille vit comme squatters
- ‘En dépit des difficultés, je garde espoir : un jour nous sortirons de la misère,’ déclare Vanessa, sa mère qui exerce comme maçon
- « Mo leker ti gros. Mone plorer et mone dire Kelvina to parmi bane meilleurs dans Maurice,’ ajoute cette mère célibataire
Kelvina Fidelia Eduard est une source de fierté pour sa maman, sa famille, son école et sa localité, entre autres. Cette fillette de 12 ans, habitant à Résidence La Cure, fréquente l’école ZEP de la localité, à savoir le Marcel Gabon Government School, et a obtenu 4 unités aux examens du PSAC. Loin d’avoir été née avec une cuillère en argent dans la bouche, elle vit sur un terrain de l’État, mais cela ne l’a pas empêchée de se démarquer des autres candidats.
Il existe des histoires inspirantes qui méritent d’être racontées, des vies marquées par la détermination et l’envie de réussir malgré les difficultés. Kelvina Fidelia Eduard, âgée de 12 ans, en est la preuve concrète. La fillette vit avec sa maman et ses trois sœurs à Résidence La Cure, sur un terrain de l’État. Sa mère, Vanessa Françoise, qui est mère célibataire, travaille comme maçon. Elle peine à joindre les deux bouts et ne peut se permettre de financer des leçons particulières à des prix exorbitants pour Kelvina. Pourtant, cette élève de l’école Marcel Cabon Government School a brillé lors des examens du PSAC en obtenant 4 unités !
D’ailleurs, Kelvina a toujours été première de sa classe et affectionne particulièrement le français. En revanche, elle rencontre des difficultés en mathématiques mais parvient à s’en sortir grâce à l’aide de sa maîtresse, Georgia Emile. Cette dernière a toujours été omniprésente pour soutenir et encourager Kelvina dans ses études. Et, Vanessa est reconnaissante envers le professeur Georgia Emile, qui a joué un rôle crucial dans la vie éducative de Kelvina. Son enseignante était comme une deuxième mère, a-t-elle avancé. Vanessa explique que parfois, faute de moyens, c’est le professeur qui achète les livres de sa fille. Elle a tenu à la remercier.
De plus, elle ajoute que l’année dernière, la maitresse, Georgia Emile, aurait dû être transférée dans une autre école. Cependant, elle a fait une demande pour pouvoir rester avec ses élèves qui allaient concourir pour les examens du PSAC. “Miss Georgia est avec eux depuis la 4ème et elle n’a pas voulu les abandonner. Elle est une enseignante vraiment dévouée et je tiens à la remercier de tout cœur. Elle fait honneur à sa profession,” déclare Vanessa.
Kelvina reconnaît également les efforts et l’encadrement de son enseignante, Georgia Emile. D’ailleurs, c’est grâce à elle qu’elle a pu réussir dans ses études. La fillette nous confie qu’elle adore apprendre. Elle préfère ses livres à toute autre activité de loisirs. L’élève de Marcel Cabon Gouvernement School, ajoute qu’elle veut travailler encore plus dur pour réussir dans sa vie. Quoiqu’un peu timide, elle est consciente de l’importance de l’éducation. Mais elle n’a jamais baissé les bras. Elle dit faire face à beaucoup de difficultés, surtout parce qu’elle vit sur un terrain de l’État où il y a un grand manque d’infrastructures. “Quand il pleut, ma maman nous prend dans ses bras et une fois arrivées au pied de la montagne, elle nous lave les pieds pour que nous puissions aller à l’école. Mais on ne se décourage pas. Je n’ai jamais raté l’école à cause de la pluie ou de la boue, !” lance la fillette.
Même si cette jeune habitante de Résidence La Cure ne sait pas encore quelle carrière elle compte embrasser, elle est déterminée à continuer à étudier dur. Elle nous confie qu’elle a fait une demande pour entamer ses études secondaires au Collège London, puis comme j’aime apprendre, je veux devenir lauréate, dit-elle.
Sa mère partage le même rêve. En effet, Vanessa Françoise, travaille comme maçon et est fière des résultats de sa fille. Elle explique qu’elle a dû jongler entre le travail et l’éducation de Kelvina, mais elle est très contente de voir sa fille réussir.
Vanessa, originaire de Rodrigues, partage également son espoir pour l’avenir de Kelvina. Elle se sacrifie beaucoup en tant que mère célibataire, travaillant du matin au soir pour assurer un meilleur avenir à sa fille. Elle est convaincue que Kelvina deviendra une future lauréate, une fierté pour elle.
“Kelvina a toujours été sûre d’elle. Quand on remplissait les formulaires pour le PSAC, elle m’a demandé quel est le meilleur collège de Port-Louis. Je lui ai dit London Collège et Lorette de Port-Louis. Elle m’a demandé quelle institution je préfère, je lui ai dit que London est mieux et elle m’a dit qu’elle décrochera de bons résultats pour avoir ce collège. Elle était confiante et elle l’a fait,” raconte Vanessa. Cette dernière nous explique que le jour des résultats, elle ne savait pas trop si Kelvina avait réussi. “Je ne savais pas si elle devait obtenir moins d’unités, ou plus d’unités. Nous avons pris ses résultats, nous sommes rentrées à la maison. C’est en consultant Facebook que j’ai trouvé des parents heureux que leurs enfants aient obtenu 4 unités, c’est là que j’ai compris. Mon cœur était gros, j’ai pleuré et j’ai dit que Kelvina était parmi les meilleurs à Maurice.”
‘J’espère que la mentalité des gens changera’
Vanessa revient également sur les difficultés auxquelles elle fait face en tant que squatteur. Premièrement, il y a les préjugés. Elle souhaite que la mentalité des gens change, que les enfants soient vus de la même manière, indépendamment de leur situation financière ou du quartier où ils habitent. ‘Mo ti a content ki zot arrete juge les autres, a coz li noir, so cheveux coume sa, li reste tel place, li telle communauté … alors li pas kapav réussir dans la vie.’
Elle nous a aussi parlé des problèmes rencontrés lorsqu’il pleut. “Il y a de la boue. Je dois porter ses enfants un par un sur la route asphaltée, les laver et ensuite les conduire à l’école.” Vanessa espère que les autorités pourront améliorer leur qualité de vie. “J’ai beaucoup de difficultés. Mais je prends courage, je suis sûre qu’un jour on pourra sortir de la misère,” dit la mère de Kelvina.
Cette histoire illustre la détermination, la force et l’espoir d’une mère pour offrir à sa fille un avenir meilleur, malgré les obstacles rencontrés au quotidien. C’est un témoignage de la nécessité d’apporter un soutien égal à tous les enfants pour qu’ils puissent réaliser leurs rêves, peu importe leurs circonstances.
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