Partage, recueillement, hommage, la Toussaint et la fête des défunts réunissent les familles et les proches autour du culte du souvenir. Le mercredi 1er novembre et le jeudi 2 novembre derniers, les allées des cimetières du pays, d’ordinaire désertes, ont connu une grande affluence. Au cimetière de Saint-Georges à Les Salines et celui de Saint-Pierre, jeudi dernier, de nombreuses personnes se sont recueillies devant les tombes de leurs proches disparus pour leur rendre hommage. Reportage…
Des milliers de personnes ont profité des deux jours fériés, soit le mercredi 1er novembre et le jeudi 2 novembre dernier, marquant respectivement la Toussaint et la fête des Morts, pour se rendre aux cimetières à travers l’île et rendre hommage à leurs parents et proches défunts. Comme chaque année, cela a été une aubaine pour les marchands de fleurs du pays. Justement, nous nous sommes rendus au cimetière de Saint-Pierre en ce jeudi 2 novembre 2023 pour un reportage.
Sur place, nous avons rencontré Vishal Appadoo, un fleuriste, venu vendre des fleurs à l’occasion de la fête des Morts. Sur sa table, dans différents récipients, on pouvait apercevoir différents types de fleurs tels que l’anthurium, la rose, le gerbera, le chrysanthème, etc. En tiges, en bouquets ou en gerbes, il y avait différents types de fleurs selon les préférences des clients. « Depuis 6h du matin, mon épouse, mes enfants et moi-même sommes venus ici aux abords du cimetière de Saint-Pierre pour écouler les fleurs que nous cultivons dans une serre à Moka. Les prix des fleurs varient de Rs 20 à la hausse, et un petit bouquet de fleurs coûte seulement Rs 50 », a-t-il déclaré. Ce dernier affirme que la plupart des fleuristes et autres marchands de fleurs ont connu une augmentation des ventes de fleurs, comme chaque année à cette période.
En entrant dans le cimetière, nous avons aperçu Josian Rolando, qui était en train de déposer des fleurs sur la tombe d’un proche disparu. « Je trouve que le terme “Fête des Morts” est bien choisi. Pour moi, ce jour-là ainsi que la Toussaint sont deux jours vraiment spéciaux car au lieu de pleurer ceux qui sont morts, on peut tout simplement penser aux bons souvenirs qu’ils nous ont laissés », nous a déclaré cet habitant de L’Agrément à Saint-Pierre. Il a ajouté qu’il fait un devoir de se recueillir sur la tombe de ses proches décédés chaque 2 novembre.
« J’ai plusieurs membres de ma famille, mes deux sœurs, mes tantes et oncles qui sont enterrés au cimetière St Pierre-es-lien à St Pierre. Je me fais un devoir d’embellir l’endroit où ils reposent et d’y déposer aussi quelques fleurs pour qu’ils sachent que je pense à eux et qu’ils font toujours partie de ma vie même s’ils ne sont plus là physiquement », a poursuivi Josian.
Nous nous sommes ensuite dirigés vers le cimetière de Saint-Georges à Les Salines. Ici également, de nombreuses personnes sont venues se recueillir devant la tombe de leurs proches. Une fois à l’intérieur du cimetière, nous avons rencontré Steven Pierre, un habitant de la capitale, venu embellir la sépulture d’un membre de sa famille. « J’ai perdu plusieurs personnes importantes dans ma vie. Je pense tout le temps à ces êtres chers et, tous les ans, à la même époque, je leur rends visite. C’est un geste qui est pour moi apaisant. Je nettoie leur tombe, je fais une prière et, parfois, je leur parle car dans mon cœur, je sais qu’ils sont là. On ne peut, du jour au lendemain, oublier quelqu’un qui a fait partie de sa vie. »
Toujours au cimetière Les Salines, nous avons aperçu quelques jeunes garçons proposant leurs services pour nettoyer les tombes ou asperger d’eau les tombes. Ashvin, un jeune homme, a affirmé que cela faisait six ans qu’ils venaient chaque 1er et 2 novembre de chaque année au cimetière de Les Salines pour vendre des « gallons » d’eau aux personnes qui venaient se recueillir devant la tombe de leurs proches. « Je fais ce métier pour arrondir mes fins de mois et aussi pour avoir un peu d’argent pour subvenir aux besoins de ma famille. Un gallon d’eau coûte Rs 25, et je propose un service de nettoyage pour Rs 200 », a-t-il dit.
Souvenir
Un moment de recueillement, de pause parfois. Quelle que soit l’évolution de la société mauricienne, l’attachement aux proches défunts reste indéfectible. Ces traditions sont bien ancrées dans l’inconscient collectif mauricien. Elles perdurent et ne se perdent pas, afin que le souvenir des ancêtres, de la lignée soit transmis de génération en génération.
Les origines catholiques
La Toussaint célèbre les saints. Beaucoup, cependant, choisissent ce jour-là pour honorer leurs morts en allant fleurir et se recueillir sur leurs tombes. Mais le 1er novembre, la fête de la Toussaint, a été mise en place par l’Église catholique afin de célébrer tous les saints, qu’ils soient connus ou non. Le pape Boniface IV, en 610 de notre ère, voulait ainsi honorer la mémoire des martyrs parmi les premiers chrétiens. La Toussaint est souvent confondue avec la fête des défunts le 2 novembre, mais elle est avant tout une façon d’honorer ses proches, de montrer que même dans l’au-delà, leur mémoire est vivace. Les familles se retrouvent et échangent. L’essentiel est de partager, de se rappeler parfois une mère, un fils, un aïeul, une amie… Les défunts sont respectés. Ils revivent le temps de cette fête catholique. Le 2 novembre est en effet, dans le calendrier liturgique, le jour officiel d’hommage à l’ensemble des défunts chrétiens. La Fête des morts ou Jour des morts, les proches s’assurent du salut de leurs âmes. La tradition est apparue dans les communautés de bénédictins, notamment à Cluny, peu avant l’an mil, avant de se propager à toute l’Europe avec l’assentiment des papes.
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