Le destin tragique de Swapna Ibrahim Dawood tuée par son époux toxicomane
La victime, mère aimante, laisse trois enfants en bas âge derrière elle
Le suspect, suspectant une infidélité « monn trangle li »
La découverte macabre du corps sans vie de Swapna Ibrahim Dawood, aussi appelée Nazima, âgée de 32 ans, soigneusement dissimulé dans un buisson sur un terrain en friche, à La Salette, Grand-Baie, a remis encore sur le tapis cette semaine, une énième histoire conjugale qui se termine en drame. Tuée par celui qu’elle a autrefois aimé et avec qui elle a décidé de faire sa vie, la mère de famille a connu une fin tragique, laissant ses trois enfants en bas âge, à leur sort. Alors que leur père, arrêté par la police, a donné les détails de son acte odieux, démontrant à quel point la drogue et la jalousie peuvent mener à la folie meurtrière.
Selon les propres aveux de Burkut Ally Ibrahim Dawood, le présumé meurtrier dans cette affaire, le crime relève d’une histoire de jalousie. Enfermé pendant trois mois, il n’aurait pas digéré que sa femme ait décidé de refaire sa vie, sans lui. Ce qui lui a ensuite conduit à monter un piège en la conduisant dans un terrain en friche mardi matin, où il a commis l’irréparable. A la police, le trentenaire a avoué son forfait affirmant avoir étranglé sa femme avant de dissimuler son corps. Il a été présenté devant la justice sous une accusation de meurtre, ce vendredi 6 octobre. Alors que les funérailles de la victime ont eu lieu jeudi soir, après l’autopsie.
Martyre
Selon les informations recueillis, Nazima et Burkut Ally Ibrahim Dawood s’étaient autrefois aimés profondément. Ils se sont mariés dans leurs vingtaine. Swapna était une femme aimante et s’était même convertie et avait pris le nom de Nazima. De leur union est née trois enfants, âgés de treize ans, dix ans et trois ans. Cependant, leur vie a commencé à se compliquer. L’époux de 37 ans a connu l’enfer de la drogue. Depuis, ils se disputaient, se séparaient couramment puis se remettaient ensemble. Avec le temps, la mère de famille était devenue une femme battue et subissait régulièrement des violences conjugales.
En février, soit sept mois de cela, Burkut Ally Ibrahim Dawood l’avait même rouée de coups avec une bouteille, lui infligeant des blessures graves, notamment en brisant celle-ci sur sa tête. Ses proches ont dû aller la chercher à The Vale où ils louaient une maison. La trentenaire avait passé quelques jours à l’hôpital et, à sa sortie, elle a quitté le toit familial avec ses enfants. La victime avait alors décidé de prendre ses distances de son époux violent. Elle avait porté plainte à la police et est allée vivre avec sa famille à Triolet.
Par la suite, l’habitant de Grand-Baie avait été arrêté et envoyé en prison. Il a été incarcéré après une histoire de vol. Mais quand il est sorti il y a environ trois mois, soit en juin et il a voulu retourner auprès de son épouse. Selon les informations, depuis quelques temps, l’homme de 37 ans harcelait la mère de ses enfants. D’après les proches de la victime, il voulait simplement lui soutirer de l’argent pour pouvoir s’acheter de la drogue. C’est pourquoi il cherchait à la voir à chaque fois. Cependant, Nazima n’avait aucune intention de retourner vivre avec lui mais travaillait dur pour subvenir aux besoins de ses enfants.
Portée disparue
Lundi, après sa journée de travail comme femme de ménage à l’école gouvernementale de The Vale, elle est rentrée chez sa mère à Triolet. Elle a pris une douche et a discuté un peu avec celle-ci avant de se préparer pour son deuxième emploi en tant que garde-malade à Grand-Baie. Le lendemain, sa mère l’a appelée juste avant le début des cours. « Je lui ai dit que les deux enfants dormaient encore et je lui ai demandé ce que je devais faire. Elle m’a dit de les préparer et de les emmener directement à l’école. Elle a raccroché en me disant qu’elle m’appellerait quand elle serait à l’école » raconte Kamla.
Cependant, moins d’une heure plus tard, lorsque Kamla a rappelé sa fille, son téléphone était éteint. Elle a essayé de l’appeler plusieurs fois au cours de la journée, mais en vain. « J’ai pensé que sa batterie était à plat. Mais quand ses enfants sont rentrés de l’école, ils ont informé leur grand-mère que leur mère ne s’était pas présentée à l’école ce jour-là. Inquiète, Kamla a alerté son autre fille Smita. Après quelques heures d’attente, elles se sont rendues au poste de police de Triolet pour signaler la disparition de Swapna. Les heures et les jours sont passés sans nouvelles d’elle. Alors que de l’autre côté, la mère du suspect s’est également rendue au poste de police de Plaine-des-Papayes pour expliquer que son fils avait quitté la maison à The Vale, le mardi vers 7 h 30, pour un travail à Grand-Baie, et que depuis, il n’avait pas donné signe de vie
Découverte macabre
Informée de cette double disparition, la Division Crime Intelligence Unit (DCIU) de la Northern Division, menée par le sergent Arnasala, s’est activée sur le terrain. Les policiers apprennent que Swapna Ibrahim Dawood était une femme battue. L’itinéraire quotidien de la mère de famille est ainsi passé à la loupe. Après un travail de fourmi sur le terrain par le Field Intelligence Office, les investigations ont mené vers un terrain en friche, à La Salette, Grand-Baie, non loin du lieu de travail de la jeune femme.
Sur place, jeudi matin, le corps de la trentenaire est retrouvé, enveloppé dans un drap, sous un arbre. C’est à plus d’un kilomètre de la route Royale que le cadavre a été découvert. La thèse d’un acte criminel est vite établie. « Bizin enn dimounn kin anvlop lekor la apre ine zet li isi ». Pour confirmer l’identité de la défunte, les proches ont été appelés à se présenter à la morgue de l’hôpital Dr A. G. Jeetoo à Port-Louis. Smita, la sœur, a identifié Swapna. L’autopsie, pratiquée par le chef du département médicolégal, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, a, dans la soirée du jeudi 5 octobre, a conclu que la mère de famille est morte étouffée.
Plus tôt dans l’après-midi du jeudi 5 octobre, les enquêteurs ont orienté leurs investigations vers l’époux. Burkut Ally Ibrahim Dawood a été retracé dans une maison à The Vale. Il se trouvait au domicile d’un ex-policier. Lui aussi a été arrêté pour avoir hébergé le suspect. La police soupçonne que l’ex-policier pourrait aussi être mêlé à ce meurtre, notamment pour dissimuler le cadavre sur le terrain boisé de La Salette, Grand-Baie. Burkut Ally Ibrahim Dawood a été conduit au Field Intelligence Office. Il a été prié à enlever le haut de ses vêtements, plusieurs traces de blessures récentes ont été découvertes sur son torse. Il a avoué avoir tué Swapna. Et Burkut Ally Ibrahim Dawood a raconté en détails comment il l’a tuée.
Argent et jalousie
Lors de son interrogatoire, le suspect a avoué qu’il avait étranglé sa femme dans un accès de colère. Elle aurait refusé de lui revenir, affirmant qu’elle avait rencontré quelqu’un d’autre, ce que les proches de Swapna contestent. Dans sa version, Burkut Ally Ibrahim Dawood, a expliqué aux enquêteurs qu’il soupçonnait la victime d’entretenir des relations extraconjugales. La police a cependant appris que le suspect s’était rendu lundi à l’école du gouvernement de Vale, où Swapna Ibrahim Dawood travaillait comme Caretaker. Il voulait lui demander de l’argent pour satisfaire ses besoins de toxicomane chez son ami policier, ayant une jambe amputée à la suite d’un grave accident de la route survenu dans le Nord en 2015.
La victime aurait toutefois refusé de donner de l’argent à son mari, car elle subvenait seule aux dépenses de leurs trois enfants. Burkatally Ibrahim Dawood l’aurait alors menacée avant de quitter les lieux. Si la victime avait déjà dénoncé son époux pour violence conjugale dans le passé, sans obtenir d’ailleurs les résultats escomptés, cette fois, elle a décidé de ne pas se rendre à la police. Mais l’habitant de le Vale lui penser autrement et aurait décidé d’éliminer son épouse. Ainsi, mardi matin, il a demandé à son épouse à la voir d’urgence, car devant évoquer avec elle « l’avenir » de leurs enfants. Swapna Ibrahim Dawood avait accepté et avait quitté Triolet vers 7h, soit après avoir demandé à ses proches d’habiller ses enfants pour les envoyer à l’école.
Après quoi son époux l’a emmenée à moto à Grand-Baie, où ils ont ensuite décidé de trouver un lieu tranquille, craignant en effet de se disputer en public. Le suspect aurait bien évoqué le sujet des enfants, ajoutant vouloir obtenir leur garde car Swapna Ibrahim Dawood aurait « une mauvaise influence sur eux », car fréquentant, selon son époux, un autre homme. Une allégation que la victime a niée, sans toutefois pouvoir convaincre son mari, alors trop obnubilé par ses accusations d’infidélité. La victime a ensuite cherché à quitter les lieux, et ce, afin de se rendre sur son lieu de travail, mais le suspect ne l’entendait pas de cette oreille. C’est alors qu’il a frappé la trentenaire avant de finir par l’étrangler. Après quoi il a tiré le corps un peu plus loin, dans un buisson, avant de le recouvrir d’un drap.
Par la suite, le suspect est retourné chez son ami, à Grand-Baie, où il est resté pendant les heures suivantes. Le présumé meurtrier dit avoir consommé de la drogue « pou met enn nisa » après avoir commis son crime. La MCIT a ainsi appris qu’il est toxicomane et qu’il devient vite colérique lorsqu’il n’a pas sa dose.
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