Jean-Pierre Elkabbach est mort, a appris franceinfo ce mardi. Le journaliste et éditorialiste, passé par France Inter, Europe 1 ou encore France Télévisions, avait 86 ans. Il était une figure des médias français.
Au début des années 90, Jean-Pierre Elkabbach a été président de France 2 et France 3, devenues France Télévisions. Poste qu’il a dû quitter en 1996 après le scandale des contrats faits aux animateurs producteurs, notamment Jean-Luc Delarue.
Évincé d’Antenne 2 après l’élection de Mitterrand
En mai 1968, il est mis au placard de ce qui faisait encore partie de l’ORTF et allait devenir France Inter, pour avoir fustigé les “censeurs”, avant de passer à la télévision en 1970. Il y présente le journal de la Une puis de la Deux. En 1974, à l’occasion de l’éclatement de l’ORTF, il est à nouveau écarté du petit écran. Il revient alors sur France Inter où son émission, “13-14”, est un succès.
En janvier 1977, sa nomination à la tête de l’information d’Antenne 2 s’accompagne de plusieurs départs au sein de la rédaction. À la suite de la victoire de François Mitterrand en 1981, il est évincé de la chaîne publique en raison de ses attaches giscardiennes. L’année 1982 marque son arrivée sur Europe 1, où il devient directeur d’antenne puis l’année suivante directeur général adjoint.
Le scandale des animateurs producteurs
En 1991, il revient à la télé, dans l’éphémère chaîne La Cinq puis à France 3, où il anime l’émission “Repères”. En 1993, il devient PDG de France 2 et France 3, où il favorise l’ascension de nouveaux animateurs comme Jean-Luc Delarue, Arthur ou Nagui. Mais après la révélation des contrats de centaines de millions de francs attribués aux animateurs-producteurs stars de France 2, il est acculé à la démission en 1996.
Il préside la chaîne Public Sénat depuis sa création en 2000 jusqu’en 2009, où il lance l’émission “Bibliothèque Médicis”. Lorsqu’il prend les rênes d’Europe 1 en avril 2005, la station est en petite forme, en cinquième position, derrière RTL, NRJ, France Inter et France Info. Pendant la campagne présidentielle de 2007, il est régulièrement brocardé par les Guignols de Canal+ pour sa proximité supposée avec Nicolas Sarkozy.
Une longévité qui agaçait
Sa longévité à l’antenne avait fini par lasser une partie du public et avait conduit à son éviction en 2017 d’Europe 1. Cinq ans plus tard, il y avait cependant fait son grand retour pour mener les entretiens matinaux du week-end, sur fond de rapprochement houleux entre la radio et CNews, la chaîne d’info très droitière contrôlée par Vincent Bolloré.
Proche de Vincent Bolloré, dont il avait été nommé conseiller en 2017, Jean-Pierre Elkabbach était aussi monté au créneau pour défendre CNews, attaquée notamment pour avoir offert une tribune au polémiste et candidat d’extrême droite à la présidentielle, Eric Zemmour. Elle “donne la parole à tous”, avait-il dit. Il était revenu à Europe 1 en 2021 pour mener les grands entretiens matinaux du week-end, avant d’arrêter pour se consacrer à l’écriture de son livre. Fin 2022, il avait publié “Les rives de la mémoire” où il revenait sur son enfance, son parcours et ses nombreuses rencontres. “Ce livre n’est pas mon testament, mais je veux laisser une trace”, disait-il alors.
Roi de l’interview
Jean-Pierre Elkababach a interviewé tous les grands de ce monde : Arafat, Gorbatchev, Mandela, Castro, Bill Clinton, George Bush, Vladimir Poutine. L’un de ses invités les plus inoubliables fut sans doute le secrétaire général du PCF Georges Marchais qui le rabroua lors d’une interview sur Antenne 2 en 1980. La célèbre formule, “Taisez-vous Elkabbach !”, n’a en fait jamais été prononcée par Marchais, mais imaginée par des humoristes caricaturant le débat.
Il avait aussi marqué les matinales d’Europe 1 avec son style pugnace et ses punchlines devenues cultes. “Vous n’avez pas honte ?” avait-il lancé à Marine Le Pen en guise de première question, lui reprochant de ne pas avoir participé à la manifestation de soutien à Charlie Hebdo après l’attentat de 2015 aux côtés de chefs d’État du monde entier. “Je vous reconnais bien là dans la provocation” lui avait répondu la patronne du Rassemblement national.
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