Depuis cette semaine, la Major Crime Investigation Team (MCIT) se penche sur la grosse saisie de cocaïne, qui était dissimulée sous terre dans divers coins de l’ile. Les policiers mettent les bouchées doubles pour trouver le commanditaire de cette drogue estimée à près de Rs 120 millions. Si le dénonciateur de cette affaire, Hussein Abdul Rahim, tendent à affirmer que les cerveaux de ce réseau sont les deux sœurs Ozeerally, notamment Adilla Oozeerally-Salaroo (42 ans) et Shazia Ozeerally-Jaffar, les enquêteurs ne veulent pas prendre ses dires pour de l’argent comptant. D’abord car ils estiment que les deux femmes n’ont pas les capacités financières pour s’acquérir une telle quantité de drogue. Aussi car ces dernières, crient à un piège de l’habitant de Port-Louis. Mais aussi car le trentenaire n’est pas réputé pour être un enfant de cœur, ni quelqu’un qui dit toujours la vérité.
Depuis un certain temps, son nom revient souvent dans l’actualité. Se présentant comme un homme d’affaires sur les plateformes en ligne, cet habitant de la capitale semble avoir le don pour se retrouver dans des problèmes incroyables. Alors qu’il s’est fait connaitre du grand public dans l’affaire Bet 365, qui avait eu des répercussions politiques notables, entraînant la démission de l’ancien Attorney General Ravi Yerrigadoo et la mise à pied de Sylvio Sundanum chez Dry Cleaning Ltd. Le jeune homme a continué ses frasques et est devenu un habitué des Cours de justice et des cellules policières avec notamment des accusations d’escroquerie, de sextorsion, d’extorsion de fonds, de coups et blessures sur une jeune femme et on en passe. S’il a souvent pu compter sur son charme pour attirer ses victimes dans le passé, depuis il s’est bâti une forte image d’escroc mythomane sans cœurs.
Accusé de viol et d’escroquerie par une Française en vacances à Maurice
En novembre 2018, Emmeline, une Française, vient passer des vacances dans l’île. Lors d’une visite à La Citadelle, elle fait la rencontre d’Hussein Abdool Rahim, qui lui propose son aide. Elle apprécie le geste et lui donne en toute confiance son numéro de téléphone et son compte Facebook. Dès le lendemain Rahim l’emmène visiter l’île et ils deviendront très proche. Cependant, quelques temps après, la jeune femme deviendra la cible de cyberharceleurs, qui ne cessera de miner son existence même après son départ de Maurice. Cette histoire la rapprochera davantage avec Hussein Abdool Rahim, qui se présenter comme le héros qui aller résoudre cette affaire.
Cependant, après plusieurs nuits cauchemardesques, des sextorsions, des menaces, des agressions violentes, du chantage et plusieurs transferts bancaires, la jeune femme a finalement découvert que c’était nul autre que Hussein Abdool Rahim, à qui elle avait donné toute sa confiance, qui était derrière tout cela. Le pot aux roses avait été découvert suivant une relation intime qu’elle devait avoir avec son maitre-chanteur mais qui au final avait les mêmes caractéristiques que Hussein Abdool Rahim. S’en est suivi une plainte de la Française à Paris pour Viols, violences, menace et escroquerie d’une somme de 32 400 euros (Rs 1,6 million).
Emmeline Gautheron s’était même déplacée à Maurice, le 3 août 2019, pour le poursuivre. Dans sa déposition, elle a expliqué qu’au moment où le suspect et elle séjournaient à Péreybère, elle aurait commencé à recevoir des menaces en ligne de la part d’un inconnu. Après en avoir parlé à Hussein Abdool Rahim, celui-ci lui aurait demandé d’accéder aux demandes de l’harceleur, soit de se déshabiller devant une webcam. De cette façon, aurait-il prétendu, un de ses amis pourrait identifier l’harceleur si elle maintenait la conversation pendant suffisamment longtemps.
En 2021, Hussein Abdool Rahim, sera arrêté et poursuivi. Néanmoins Emmeline n’étant pas à Maurice, le port-louisien a demandé la radiation des charges de viol contre lui. La motion de radiation a d’ailleurs été entendu ce lundi 11 septembre 2023. Lors des débats, Me Assad Peeroo, avocat du trentenaire a fait ressortir que la jeune femme, en vacances à Maurice au moment des faits, avait porté plainte contre Husein Abdool Rahim en août 2019, alors que le délit de viol et de sextorsion aurait été commis en janvier et en mars de la même année. «Mon client a été convoqué 14 mois après. Pourquoi la police n’a pas jugé nécessaire d’avoir la version de mon client ?» a demandé Mᵉ Peeroo à l’enquêteur principal lors de l’exercice de contre-interrogatoire. Ce dernier a alors expliqué qu’il fallait procéder à des vérifications. Le DPP a objecté à cette motion de Mᵉ Peeroo.
L’avocat a également déclaré qu’il n’y a pas de garantie que la plaignante, sera présente en cour pour donner sa version des faits. Mais selon les informations disponibles, Emmeline Gautheron a signifié son intention de venir à Maurice pour témoigner. Elle a envoyé une lettre au bureau du DPP en ce sens. «Je suis venue seule en visite à Maurice et j’ai été escroquée, violée, harcelée, et j’ai subi toutes sortes d’abus de la part de cet homme», a fait ressortir la Française dans sa correspondance. «J’ai noté que l’affaire est toujours au stade pro forma sous la référence 1702/21 au tribunal de Rivière-du-Rempart, et a été renvoyée au moins cinq fois pour des raisons qui me sont inconnues. Je suis la victime et le seul témoin dans cette affaire.»
Emmeline Gautheron a aussi précisé que pendant sa déposition, les officiers de la Central Crime Investigation Department (CCID) ont été efficaces, mais qu’elle trouve anormal que l’interrogatoire de Husein Abdool Rahim ne survienne que deux ans après sa plainte. «De plus, pendant les trois années qui ont suivi ma plainte, ni le CCID ni le DPP n’ont jamais répondu à un seul de mes mails, ni ne m’ont contactée pour m’informer de la suite de la procédure. Je trouve que la police a agi d’une façon très légère (…).» Entretemps, souligne-t-elle dans sa correspondance, Husein Abdool Rahim a entamé des poursuites judiciaires contre elle en France et continue à ternir sa réputation.
Quant à l’accusé, il a soutenu, en cour, que toute cette histoire est un coup monté. La cour de district de Rivière-du Rempart se prononcera sur la motion de radiation des charges déposée par Mᵉ Assad Peeroo, le 28 septembre.
Il se fait passer pour une fille pour escroquer un policier
Hussein Abdool Rahim, est aussi en attente d’une décision de la cour intermédiaire dans le procès d’escroquerie qui lui est intenté par un policier. Le trentenaire fait face à sept accusations provisoires pour avoir soutiré Rs 790 000 à l’officier alors âgé de 29 ans. Selon l’acte d’accusation, en vertu de l’article 330 (1) du Code pénal, Husein Abdool Rahim aurait escroqué à l’agent Roopeshsingh Lofur, en créant un faux profil sur Facebook, sous le nom de Neha Ramdin. Les faits s’est produit en 2014. Le Port-louisien lui aurait fait croire que Neha Ramdin, qui habite aux États-Unis, voulait venir à Maurice afin de vendre un terrain.
L’histoire a commencé lorsque Rahim se lie d’amitié avec le policier qu’il croise au casino qu’il fréquente. Rahim utilise alors les informations personnelles que le policier lui a confiées pour l’appâter et lui soutirer de l’argent à travers Facebook. Ainsi, se faisant passer pour une fille, il a su attirer le policier dans un mauvais jeu pour finir par lui extorquer plus d’un demi-millions pour soi-disant aider la fille à soigner ses proches et pour faire venir le policier en Amérique où elle avait fait croire qu’elle résidait.
Lorsque le policier a découvert l’arnaque, il a déposé plainte et Rahim a été arrêté. Se retrouvant en cellule policière, il a fini par promettre à la victime de lui rembourser les Rs 500 000. Ce qu’il a fait d’ailleurs en partie en lui remettant Rs 250 000 par chèque bancaire. Pas chèque personnel, car le policier ne voulait pas se faire avoir encore une fois…
Lors d’une comparution en Cour, Mohamad Hussein Abdool Rahim avait demandé l’arrêt du procès, évoquant un accord conclu entre lui et la victime visant à résoudre « le différend ». Mais c’était sans compter l’ICAC qui l’a aussi poursuivi pour blanchiment d’argent. Outre l’ICAC, il a aussi été poursuivi par la police, cela bien qu’il ait remboursé une partie de l’argent. Car selon la loi, quand une plainte est déposée au pénal, même si la victime retire sa plainte, la police peut et doit même continuer son enquête et la poursuite. Ceci dans le but bien sûr de faire payer à l’accusé pour le tort causé. Et puis, il s’agit de protéger la victime contre toute menace éventuelle.
L’affaire a été appelée devant la cour, le lundi 3 avril 2023. La poursuite menée par Me Akhil Ramdahen, Principal State Counsel, a objecté à la démarche du prévenu de vouloir convoquer quatre témoins devant la cour intermédiaire. Ceci, en marge de la motion d’abus de procédure soulevée par la défense. Me Sanjeev Teeluckdharry, avocat de Mohamad Hussein Abdool Rahim, souhaitait appeler à la barre, un avoué et aussi les représentants du bureau du commissaire de Police, du Directeur des poursuites publiques (DPP) et de l’Attorney General. La défense voulait mettre un avant un accord sous la forme d’un « contrat de transaction » rédigé par l’avoué.
Selon la poursuite, cette démarche est prématurée et n’est pas pertinente à la motion d’abus de procédure soulevée par la défense. Quant à Me Sanjeev Teeluckdharry, il estime qu’il est important d’établir si le bureau du DPP a pris en considération ledit accord avant de se prononcer sur la décision de poursuivre ou non son client dans l’affaire. La magistrate Ashwina Jalloo fera connaître sa décision le 10 avril 2023.
Affaire BET 365
Le 2 juillet 2018, Hussein Abdool Rahim a été arrêté sous une accusation provisoire d’escroquerie de Rs 935 000 dans l’affaire Bet365. Le port-louisien avait auparavant porté de graves allégations contre l’ex-Attorney General Ravi Yerrigadoo dans un affidavit avec l’aide et le concours de l’Express. Cette histoire avait alors contraint le ministre de la Justice à démissionner de son poste, à la demande du Premier ministre Pravind Jugnauth. Mais peu de temps après, Hussein Abdool Rahim s’est rétracté, cette fois sur les ondes de Radio-Plus, disant avoir été manipulé. Avant qu’on apprenne qu’il était l’escroc dans cette affaire et non le héros.
Dans les faits, le 11 septembre 2018, le journal de La Sentinelle titrait en Une : “Blanchiment d’argent soupçonné : Les jeux sont-ils faits pour Ravi Yerrigadoo ?” avec en première page une lettre portant l’entête du Bureau de l’Attorney General et la signature du principal concerné. À en croire la publication, le scandale est sans précédent. Un certain Hussein Abdool Rahim accuse le ministre de la Justice de blanchiment d’argent de plusieurs millions de roupies.Il implique également deux autres compères.
La lettre fait comprendre que l’ancien Attorney General se porte garant pour le parieur auprès de Bet365 et qu’il n’y a aucune entrave légale à ce que Hussein Abdool Rahim décaisse ses gains de cette société de paris en ligne. Ces révélations ont mené à la démission de Ravi Yerrigadoo. Depuis, l’affaire Bet365 a connu un revirement de taille après que Hussein Abdool Rahim a changé sa version le 21 septembre sur le plateau de Radio Plus. Lui qui avait, au départ, accusé l’ex-Attorney General, Ravi Yerrigadoo, de tentative de blanchiment d’argent, accuse désormais Roshi Bhadain de complot avec la complicité des journalistes de la Sentinelle.
Cette enquête avait explosé à la figure de tout un chacun. Les rebondissements était digne d’un mauvais film entre malaise et consternation. Alors qu’au delà de ces enfantillages qui agitaient l’opinion, cela avait forcé un ministre à la démission.
Le procès intenté à Hussein Abdool Rahim, qui fait l’objet de deux accusations formelles d’escroquerie de Rs 1 435 000, dans le sillage de l’affaire Bet 365, a été pris sur le fond le jeudi 16 février 2023 devant la cour intermédiaire. Lors de la séance, l’enquêteur principal a produit des documents entourant les différentes dépositions faites contre l’accusé par les deux plaignants, en l’occurrence Sylvio Sundanum et Lynn Joëlle Ah-Fat. Ils accusent Hussein Abdool Rahim, alors âgé de 33 ans, d’avoir utilisé des prétextes frauduleux pour établir la croyance en l’existence d’une opération fictive et ce faisant, il aurait escroqué Sylvio Sundanum en 2017. L’accusé aurait déclaré au plaignant qu’il avait gagné environ 2 000 000 euros, soit une somme de Rs 91 300 000 sur Bet 365 Uk Online Sports Betting et que pour garantir son gain, il devait effectuer un dépôt de 2 800 euros (Rs 127 820). Afin d’étayer son mensonge, l’habitant de la rue Sir Virgil Naz à Port-Louis aurait montré un document à son nom avec comme en-tête ‘Bet 365 Uk Online Sports Betting’. Et à diverses autres occasions, il lui aurait montré des documents similaires indiquant ses paris réduits, ce qui a persuadé le plaignant de l’aider financièrement.
Ils se seraient en outre rendus à l’étranger, aux frais du dénommé Sylvio Sundanum, pour pouvoir ouvrir un compte afin de bien gérer son gain. Mais voyant que rien n’avait été fait, Sylvio Sundanum est arrivé à la conclusion qu’il avait été escroqué d’une somme totale de Rs 935 000.
Il est également reproché à Husein Abdool Rahim d’avoir escroqué sa compagne d’alors, Lynn Joëlle Ah-Fat, d’une somme de Rs 500 000 en employant des prétextes frauduleux et en créant l’espoir d’un succès en octobre 2016. Husein Abdool Rahim aurait raconté à sa compagne d’alors qu’il aurait besoin d’argent pour régler son affaire devant le tribunal. Il aurait persuadé la plaignante de contracter un prêt en lui promettant de rembourser le montant total car il disait avoir gagné une énorme somme d’argent. Pour étayer son mensonge, il lui aurait ainsi montré un site de paris nommé « Bet 365 Uk Online Sports Betting » sur son téléphone portable. Du coup, la victime aurait contracté un prêt de Rs 300 000, somme qu’elle aurait transférée sur le compte d’Husein Abdool Rahim avec un montant supplémentaire de Rs 200 000 provenant de ses épargnes. Au total, il lui aurait escroqué un montant de Rs 500 000.
Husein Abdool Rahim, qui a retenu les services de Me Assad Peeroo, avait plaidé non-coupable et l’enquêteur principal a par la suite déposé les ‘statements’ de l’accusé en cour, dans lesquels il nie toute implication dans ces deux affaires. «Selon la version des faits de l’accusé, il avait rejeté les accusations faites contre lui et avait soutenu être un bon ami de Sylvio Sundanum. L’accusé était allé plus loin pour dire que depuis la polémique entourant l’affaire Bet 365, où Ravi Yerrigadoo avait été contraint de démissionner de son poste d’Attorney General, son ami et sa compagne ont depuis fait de graves allégations contre lui dans le but de se venger», indique l’enquêteur lors de la lecture des ‘statements’ de l’accusé.
Ce dernier avait même fait état de son éducation. «Je n’ai pas, contrairement à ces deux présumées victimes, une éducation aussi élevée et ce sont elles qui m’ont utilisé pour arriver à leur fins», avait allégué Husein Abdool Rahim dans sa version des faits à la police. Le procès se poursuivra bientôt devant la même instance du judiciaire.
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