Disparition : Mimose Furcy, fondatrice du groupe Tambour Chagos, s’est éteinte

by | Jul 16, 2023 | Actualités, Société

Les Chagossiens pleurent une encyclopédie de la culture chagossienne 

 

La cause chagossienne, a perdu, cette semaine, une de ses plus grandes militantes, en la personne de Mimose Furcy. La native de Peros Banhos aux Chagos qui s’est toujours battue pour la sauvegarde et la promotion du séga tambour de son archipel, tout comme pour le retour des Chagossiens sur leur terre natale, s’est éteinte ce mercredi 13 juillet, à l’âge de 68 ans. Une disparition qu’a aussi fait pleurer le monde de la musique dans l’Océan Indien, étant donné qu’elle était la voix et fer de lance du Groupe Tambour Chagos, qui a fait danser pendant plusieurs années des nombreux illois.

Auteure et interprète de Mo ti ena trez an, titre de sa discographie de séga tambour Chagos et surtout l’une des grandes voix derrière l’inscription du séga tambour Chagos comme patrimoine immatériel de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) en décembre 2019, Mimose Furcy, laisse derrière elle le souvenir d’une vie remplie de combat pour la préservation de la culture chagossienne. Mais aussi deux albums, de séga tambours, sortie en 2006 et 2018, où elle raconte son parcours.

Malheureusement, cette semaine elle s’est éteinte. Les funérailles de Mimose Furcy, ont eu lieu ce jeudi à 13 heures à l’église Saint Sacrement à Cassis. Elle a ensuite été inhumée au cimetière Saint-Georges, Les Salines. La cérémonie mortuaire s’est faite en présence de plusieurs membres du groupe Chagossien et personnalités locales, qui ont voulu rendre un dernier hommage à celle qui avait porté l’histoire du déracinement d’un peuple hors de nos frontières, aux côtés de son frère Olivier Bancoult, leader du Groupe Réfugiés Chagos. Une vague de sympathies avait aussi gagné les internautes. Alors qu’un concert hommage a été organisé en son honneur.

 

Un nom marqué dans l’histoire

Le nom de la fondatrice et chanteuse principale du groupe Tambour Sagos, ne sera pas oublié de sitôt. Elle figure d’ailleurs déjà aux côtés des défunts Charlesia Alexis, Lisette Aurélie Talate, Rita Bancoult et Fernand Mandarin, entre autres, dans le dossier soumis à l’Unesco par les autorités mauriciennes comme ceux ayant participé aux consultations depuis 2010, pour la reconnaissance et la sauvegarde du séga tambour Chagos par l’Unesco.

Militante de la cause chagossienne, son nom s’ajoute aussi à la liste de ces combattants susmentionnés, aujourd’hui disparus, mais qui demeurent des symboles de la souffrance, de l’exil de tout un peuple, eux qui ont lutté jusqu’à leur dernier souffle pour le retour des Chagos aux Chagossiens. Mimose Furcy rejoint Lisette Aurélie Talate et Charlesia Alexis, décédées en janvier et décembre 2012 respectivement à l’âge de 70 et 83 ans, et sa mère Rita Elysée Bancoult, morte le 19 décembre 2016 à l’âge de 91 ans.

Une encyclopédie de la culture chagossienne 

Mimose Furcy avait, en effet, 13 ans à son départ de Peros Banhos, avec sa famille, à bord du bateau Mauritius, en 1968. Son frère Olivier Bancoult, le leader du Groupe réfugiés Chagos, en avait quatre. Pour en revenir à sa chanson Mo ti ena trez an, avec ses parents et son frère, ils accompagnaient leur petite sœur Noëllie qui devait se faire soigner à Maurice. La petite avait eu le pied écrabouillé sous la roue d’une « saret bourik parski misie ki ti lor la, tinn dormi », a plusieurs fois raconté Mimose Furcy. Sauf que ses parents et elle étaient alors loin de se douter qu’ils n’allaient plus retourner vivre dans leur case, construite de bouse de vache et au toit en chaume, puisque « Angle inn fini vann zil ». 

Treize années passées sur son île, lor ban disab ou bor la mer, tantôt à grimper aux cocotiers, tantôt à attraper des zozo marianne aux côtés de son camarade d’enfance Ton Vie, de son vrai nom Olivier Sakir, et interprète du célèbre Peros Vert, que Mimose Furcy a su immortaliser en chansons et dans ses entretiens à la presse. Au sein de la communauté chagossienne, l’on parle d’« une grande perte pour la République ». De la disparition d’une « encyclopédie de la culture chagossienne ». Beaucoup reconnaissent le combat de cette « grande dame » pour la sauvegarde et la transmission du séga tambour Chagos depuis plus de 40 ans. Pour d’autres, sa joie de vivre, son sourire, ses chansons résonneront toujours dans Melodi nou lavi. 

Héritage

Dans un interview daté de quelques années, elle relaté que le sega tambour résonnait le samedi soir sur l’archipel des Chagos avant la déportation du peuple chagossien. « Tanbour Chagos exprime nos joies et nos tristesses. Les chansons parlent de nos péripéties, souvenirs, rêves et de notre quotidien. Leker lour de fwa. Sega se nou lavi. Mo asize mo get pie koko sakouye. Mo larm tonbe e mo sante. J’avais 13 ans quand j’ai commencé à chanter. Nou bann gran dimounn inn montre nou sante », dit cette habitante de Pointe-aux-Sables.

A Maurice, pour préserver et promouvoir le sega tambour des Chagos, Mimose Furcy organisait souvent des activités où les anciens partagent, avec les jeunes, leurs talents et savoir-faire dans le domaine musical, culinaire et linguistique. Précédemment, elle a expliqué que les jeunes sont intéressés à apprendre la culture et les traditions Chagossienne. « La transmission est assurée. Mais, les moyens pour les encourager manquent. J’ai écrit de nombreuses chansons mais le soutien financier fait défaut pour sortir un album », disait-elle.

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