Une sale manie. Chaque année (ou presque), le football français se retrouve prématurément en pénurie de représentants en Coupes d’Europe et doit se contenter de regarder de loin les clubs étrangers se battre pour décrocher des titres, alors que le dernier titre continental ramené au pays est une Intertoto 2008 par l’intermédiaire du Stade rennais. L’exercice en cours n’a pas échappé à la règle : quatre des six clubs tricolores engagés sont déjà dehors, un cinquième est au bord du précipice, pendant que le sixième attend patiemment de connaître son futur adversaire en huitièmes de finale de C4. Ce jeudi 23 février s’est transformé en jeudi noir : Nantes, Monaco et Rennes sont tous tombés au terme de scénarios bien différents. Qu’importent les scénarios en question ou les raisons qui pourraient les expliquer, l’heure est surtout venue de se rendre une fois de plus à l’évidence, et d’admettre que le championnat français est encore une fois le plus mauvais élève du fameux top 5 européen.
S’il y a tout de même un peu plus d’indulgence à avoir avec Nantes, qui a hérité d’un des pires tirages possibles avec la Juventus, et n’a pas eu tous les éléments en sa faveur au match retour (l’arbitrage notamment, et un Di María des grands soirs), les excuses ne sont en revanche pas valables pour Monaco et Rennes. L’ASM, qui tourne d’ailleurs à plein régime en Ligue 1, semblait avoir fait le plus dur à l’aller avant de se liquéfier ce jeudi et de laisser un Leverkusen pourtant dixième de Bundesliga faire sa loi à Louis-II. Statistique terrible mais parlante : Youssouf Fofana et Axel Disasi ont donc perdu trois séances de tirs au but lors des deux derniers mois (face à l’Argentine au Mondial, contre Rodez en Coupe de France, et donc face au Bayer). Pour Rennes, qui a un peu plus de mal en championnat en ce moment, la mission s’avérait relativement jouable sur le papier, avec un Shakhtar qui n’avait plus joué de match officiel depuis le 23 novembre dernier, et pour lequel il était logique de croire que le contexte politique ukrainien actuel pouvait être un frein. La pilule est encore plus difficile à avaler pour la bande de Genesio, en se disant qu’elle était à deux minutes de passer au tour suivant, et que l’erreur malheureuse de Jeanuël Belocian a finalement fait basculer du mauvais côté l’avenir d’un club qui avait pourtant l’ambition d’aller bien plus loin dans cette compétition. Jamais un club français n’a remporté une C3, et ce n’est donc encore pas cette année que cela se produira. D’autant plus frustrant quand on voit la forme actuelle de l’OM, qui aurait peut-être pu avoir une carte à jouer dans cette compétition, s’il ne s’était pas jeté dans la gueule du loup face à Tottenham en novembre dernier…
Tous les regards vont désormais logiquement se tourner vers le PSG et Nice, pour l’heure toujours en vie. L’actuel leader de Ligue 1 a raté sa première manche face au Bayern, et aura presque besoin d’un miracle au retour, tant les secousses s’accumulent autour du club de la capitale, la dernière en date étant le forfait de Neymar pour plusieurs semaines. L’espoir le plus fort d’une épopée européenne repose maintenant sur des Aiglons qui ne connaissent pas encore leur futur adversaire en huitièmes de C4 (ce sera parmi Anderlecht, la Lazio, Larnaca, le Sheriff Tiraspol, Bâle, la Fiorentina, La Gantoise et Lech Poznań). En pleine bourre actuellement et redynamisé par l’arrivée du rafraîchissant Didier Digard, l’effectif de l’OGC Nice ne connaît pas encore ses limites sur la scène européenne et doit viser haut dans cette compétition, puisqu’il est loin d’être assuré de retourner en Europe la saison suivante (Nice est à cinq points de la cinquième place, qualificative en C4, et n’a plus la Coupe de France dans son calendrier). En plus de jouer pour leur compte, les Aiglons auront aussi le poids sur leurs épaules d’un indice UEFA à sauver. Avec les mauvais résultats récents, la France voit revenir le Portugal, qui a encore Benfica et Porto en C1, et le Sporting en C3, et les Pays-Bas, qui ont encore Feyenoord en C3 et Alkmaar en C4, dans son rétroviseur (59 497 points pour la France, 56 700 pour le Portugal et 53 716 pour les Pays-Bas). L’enjeu est de taille, car il s’agit ici de conserver la cinquième place actuelle, grâce à laquelle la France pourrait envoyer quatre représentants directement en C1 dans la nouvelle formule de 2024-2025. Ça fera au moins une bonne raison de suivre la Ligue Europa Conférence en cette fin de saison.
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