L’homme d’affaires dévoile des informations sur sa relation avec Bruneau Laurette
Une plainte pour ‘diffusing false news’ et une ‘precautionary measures’ déposées aux CCID.
Wanted à la Réunion : la gendarmerie demande la collaboration des autorités mauricienne pour son extradition.
Cette semaine, un nouveau visage dans le monde médiatique, à captiver l’attention des Mauriciens. Ce visage est celui de Jean-Hubert Célérine, plus connu comme Franklin. Un nom dont nombreux en ont entendu parler mais sans savoir réellement qui c’était. Après des nombreuses légendes et plus récemment une montage vidéo dans laquelle sa personne est citée comme un baron de la drogue, associé avec l’inspecteur Ashik Jagai. Ce dernier a d’ailleurs réagi en portant plainte pour diffamation. Franklin a accordé un entretien à deux médias en pleine soirée dans un bar à Rivière Noire et la réclamation de l’ouverture d’une enquête du CCID en rapport avec l’affaire de Bruneau Laurette
Franklin
Pour certains, il est quelqu’un qui aurait gravi des échelons dans la vie après de modestes origines. D’autres parlent de lui comme un boss. Quelqu’un qui serait proche des stars ayant fait venir à Maurice le comédien ‘Mimi’ou encore qu’il serait à l’initiative de plusieurs grands concerts. Il mènerait un grand train de vie.
Jean Hubert Célérine est pourtant bien connu des autorités policières mauriciennes. L’habitant de Rivière-Noire apparaît dans des dossiers de trafic de zamal avec le Réunionnais Laurent Mariaye, qui aurait admis avoir conduit cinq opérations d’exportation de zamal pour le compte de ce dernier. Franklin est également cité dans l’affaire d’héroïne importée de Madagascar pour Maurice et qui avait atterri à La Réunion, alias affaire Mike Brasse. Il a aussi été l’objet d’une enquête de l’ICAC concernant une affaire de blanchiment d’argent. Et il y aurait eu des perquisitions chez lui, qui n’ont abouti qu’a des saisis minimes.
Vidéo buzz
Cette semaine, son nom apparaît dans des montages vidéo diffusés sur les réseaux sociaux. Ces publications, d’une durée de sept minutes, « Bruneau Laurette ti pou expose la vérité lor Franklin ek Jagai » en circulation sur TikTok, Facebook, WhatsApp, accusent Jean-Hubert Célérine, surnommé Franklin, d’avoir une proximité avec l’ASP Ashik Jagai de la Police Headquarters Special Striking Team et de s’adonner au trafic de drogue et d’armes. Dans la vidéo en question, il est aussi accusé d’avoir joué un rôle clé dans l’arrestation de Bruneau Laurette. Plusieurs photos sont également montrées, l’affichant dans les locaux de la police avec beaucoup d’argent mais aussi des clichés de sa maison de luxe.
Ladite vidéo fait de plus, état du contenu d’un rapport – photos à l’appui – de l’ADSU de Savanne portant sur l’interpellation de Franklin le 24 août 2022 sur la route principale à La Prairie. Selon le rapport, lors de cette fouille dans une Range Rover, cette escouade a découvert une somme de Rs 525 000 en sa possession. Au moment de cette intervention de l’ADSU, Franklin était en compagnie d’une certaine Jahnesta M., une Seychelloise de 31 ans. Ce rapport fait aussi mention d’une perquisition au domicile de Franklin, mais rien d’incriminant n’avait été découvert. Par la suite, le dénommé Franklin a été autorisé à rentrer chez lui. Il avait écopé d’une simple contravention en vertu de la Road Traffic Act pour conduite sans permis de conduire.
‘Laver son nom’
C’est dans la soirée du samedi 14 janvier, que l’énigmatique Franklin s’est révélé au grand public. Il a accordé dans la nuit du samedi 14 janvier, un entretien à TéléPlus pour démentir les allégations portées à son encontre et pour révéler des informations qu’il considère comme important. Il a expliqué qu’il se trouvait à Madagascar le 6 janvier lorsqu’il est tombé sur la vidéo sur les réseaux sociaux. Et que pour le bien de sa famille, il a décidé de mettre toute cette affaire au clair car il est aussi fatigué des menaces qu’il reçoit.
Soupçonné d’être à la tête d’un cartel, Jean Hubert Célérine alias Franklin, dit être un entrepreneur lorsqu’on lui demande d’où provient sa richesse. Il affirme qu’il est dans les affaires, soit qu’il est dans l’élevage, qu’il vend des voitures et qu’il est dans le commerce de la nourriture. Il a ajouté qu’il a beaucoup de clients étrangers qui lui donneraient souvent des chèques pour son bon service. Et de faire ressortir qu’il est actif dans le social.
Interrogé sur ses liens supposés avec le trafic de drogue, Franklin devait clamer haut et fort « je n’ai jamais été arrêté pour un délit lié à la drogue. J’ai eu des démêlés avec la police, mais pas pour trafic de drogue. Il y avait une affaire de blanchiment d’argent. La commission anticorruption et la MRA avaient enquêté et tout est clair. J’ai payé mes impôts ». Il devait souligner que ceux qui l’accusent d’être un trafiquant sont uniquement jaloux de sa réussite car il a commencé en étant qu’un enfant pauvre de Rivière Noire.
« Bruneau Laurette me réclamait de l’argent pour me protéger de l’ADSU »
Dans ses déclarations à la presse, Franklin devait également raconter que tous ses ennuis ont commencé après sa rencontre avec Bruneau Laurette. Il a expliqué qu’en 2021, l’activiste actuellement en prison, l’avait approché pour récupérer des dons. « Nous lui avions donné deux camions de denrées alimentaires. Par la suite, il m’a dit qu’il avait des bons contacts au sein de l’ADSU. Il disait que c’était pour me protéger. Je lui ai répondu que j’en n’avais pas besoin parce que je ne suis pas impliqué dans le trafic de drogue. Il m’avait ensuite demandé entre Rs 75 000 et Rs 100 000 par mois. À trois reprises, je lui ai remis de l’argent, mais après j’ai refusé. C’est là que les problèmes ont débuté.
Selon Franklin, depuis Bruneau Laurette aurait commencé à le menacer. « Il m’a menacé. Je suis fatigué de cette affaire… L’ADSU a ensuite perquisitionné ma maison et ma voiture. On a saisi de l’argent qu’on m’a restitué le lendemain. »
L’une des étapes clés de cette enquête de la MCIT est de confronter Bruneau Laurette aux allégations de Jean-Hubert Célérine. Les policiers comptent passer au crible les textos envoyés du téléphone cellulaire de l’activiste à Franklin au sujet de la réclamation de la Protection Money. Depuis son arrestation le 4 novembre 2022 à la suite de la saisie de Rs 231 M de haschisch, les téléphones cellulaires de Bruneau Laurette ont été sécurisés pour les besoins de cette enquête.
Precautionary measures
Dans la soirée de samedi dernier, Jean Hubert Célérine faisait un live au vu et au su de tout le monde. Il affirmé qu’il se rendait dans un poste de police pour consigner une déposition concernant la vidéo qui l’accuse, entre autres, d’être un trafiquant de drogue. Le jeune homme de 32 ans s’est également rendu dimanche aux Line Barracks pour déposer une precautionary measure à l’effet qu’il a eu des menaces qu’on planterait de la drogue sur lui ou dans sa maison.
Mandat d’amener
Ce n’est que plus tard, qu’on apprendra que Franklin n’avait pas pu porter de plainte samedi soir malgré son annonce en ce sens dans la vidéo. La raison étant que les policiers lui auraient conseillé de rentrer chez lui car il allait être arrêté. En effet, un mandat d’amener avait été émis depuis le 12 janvier contre Jean Hubert Célérine par le tribunal de Bambous. Cela car il ne s’était pas présenté devant la magistrate malgré sa convocation dans une affaire où il était accusé d’agression.
En fait, Franklin n’était pas au pays, c’est son frère qui a répondu à sa place. Ce n’est que lorsque le procureur a signalé que ce n’était pas Franklin que son frère a déclaré qu’il n’était pas au pays. Son frère n’aurait pas non plus présenté sa carte d’identité. La magistrate a alors émis ce mandat.
Plainte au CCID
Dans la matinée du lundi 16 janvier, Jean-Hubert Célérine, a quand même déposé, une plainte au Central Criminal Investigation Department (CCID) en présence de son avocat, Me Yatin Varma. Il s’est précipité aux Casernes centrales, avec une clé USB en main et réclamant l’ouverture d’une enquête du Central Criminal Investigation Department (CCID) après la circulation d’une vidéo devenue virale depuis le début de janvier. En présence de son homme de loi, Franklin a remis aux enquêteurs de la Major Crime Investigation Team (MCIT) la clé USB contenant la vidéo en question.
Se disant un homme d’affaires qui possède plusieurs business, il a soutenu que c’est le 6 janvier qu’il est tombé sur la vidéo faisant état de sa « proximité » présumée avec l’ASP Jagai et des allégations portant sur son « implication » dans le trafic de drogue. « C’est faux et ces allégations sont en train de causer du tort à ma famille », a précisé Franklin dans sa plainte à la police. Il a incriminé des personnes qu’il dit être « proches de Bruneau Laurette » qui seraient derrière la diffusion de ces clips compromettants.
Dans les locaux de la MCIT ce lundi, Franklin a aussi fait état de ses craintes d’être victime d’un cas de « planting of drug » par des agents de la brigade antidrogue (ADSU). Il a remis, aux enquêteurs de la MCIT et de l’IT Unit, des textos que lui auraient envoyés Bruneau Laurette pour lui réclamer de l’argent.
Réclamation d’une enquête sur la fuite de ses documents policiers
Jean-Hubert Célérine a aussi demandé au Commissaire de police d’enquêter sur la fuite d’informations confidentiels sur sa personne que détiendrait la brigade anti-drogue (ADSU). L’homme de 32 ans a demandé comment des photos et des documents ont-ils pu sortir des bureaux de la police « J’ai envie de savoir comment les photos de l’ASDU prises à l’intérieur de ma maison ont fuité. Comment des extraits de l’Occurrence book de la brigade anti-drogue (ADSU) ainsi que des photos prises à l’intérieur de ma maison ont-ils pu figurer dans un clip vidéo devenu viral sur la Toile ? De tels documents, classés « confidentiels », ne devraient-ils pas être dans un tiroir fermé à double tour dans les locaux des Casernes centrales ? Une enquête doit être initiée à la suite de cette fuite de documents » dit-il.
Amende de Rs 3000
Autre développement, ans l’après-midi de ce lundi 16 janvier, il s’est présenté au tribunal de Bambous. Assisté toujours de son avocat, il a répondu au mandat d’amener mais aussi plaidé coupable pour l’agression. Il a été condamné à une amende de Rs 3 000.
Recherché à la Réunion
Au courant de la semaine, après ses nombreuse sorties public, un journal Réunionnais n’a pas manqué de rebondir sur le cas de Jean Hubert Célérine, affirmant que le jeune homme de 32 ans est recherché à La Réunion depuis 2021. Et qu’il aurait écopé sept ans de prison, à la suite d’un trafic de zamal entre La Réunion et Maurice en 2018. Ce serait en l’absence d’un traité d’extradition entre Maurice et La Réunion, que Jean Hubert Célérine a pu demeurer en homme libre à Maurice.
Près de 150 kilos avaient été saisis par les gendarmes, ainsi que de l’argent. Onze personnes sont mises en cause dans cette affaire, neuf ont été interpellées. Le Réunionnais Laurent Mariaye, un agent de sécurité d’une trentaine d’années, a admis, selon l’article de Clicanoo, avoir exporté du zamal à 5 reprises sous les ordres d’un fantomatique “Franklin” dont le nom apparaitrait déjà dans d’autres trafics. Un skipper mauricien, surnommé “Nono”, se chargeait de faire transiter le zamal entre Maurice et la Réunion, selon l’article. Il aurait aussi été formellement identifié. Mais il semblerait qu’il soit, à ce jour, toujours en liberté à Maurice.
Au total, onze personnes ont été arrêtées dans le cadre de cette affaire de trafic de drogue. Laurent Mariaye a été condamné à quatre ans de prison ferme. Quant aux autres personnes impliquées, elles ont écopé d’une peine variante entre un et quatre ans de prison. Les deux Mauriciens, soit Jean Hubert Célérine, alias Franklin, et ‘Nono’, ont été condamnés à sept ans de prison, selon l’article. Toutefois, ils se seraient réfugiés à Maurice suite à cette condamnation. Ils font l’objet d’un mandat d’arrêt, qui a été émis dès que la sentence a été prononcée.
Contacté, le Police Press Office a soutenu que le mandat d’arrêt est valable uniquement à l’île de la Réunion et en France. L’article précise aussi que la drogue en question serait destinée au marché mauricien. Selon des informations, des développements pourraient rapidement intervenir dans cette affaire. En effet, selon une source, la gendarmerie réunionnaise a sollicité la collaboration des autorités mauriciennes concernant Jean Hubert Célérine. Elle estime que Franklin pourrait être utile à plusieurs enquêtes concernant le trafic de drogue sur l’axe Maurice – Réunion – Madagascar.
0 Comments