Brésil : Le parquet général demande d’enquêter sur Bolsonaro pour les émeutes à Brasilia

by | Jan 17, 2023 | Monde, Opinion

Collimateur : L’ex-président brésilien, dont des proches ont été mis en cause, se trouve toujours aux Etats-Unis

Il va devoir rendre des comptes. L’ex-président brésilien Jair Bolsonaro, dont des proches avaient déjà été mis en cause, est désormais lui-même directement visé par la justice pour son rôle dans le saccage d’institutions nationales à Brasilia.

Le parquet général a demandé vendredi à la Cour suprême de soumettre l’ancien chef d’Etat d’extrême droite à une enquête « qui cherche à clarifier l’instigation et le magistère moral des actes antidémocratiques qui ont débouché sur des épisodes de vandalisme et de violence à Brasilia » dimanche.

Jair Bolsonaro, battu de justesse par le candidat de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, « a effectué une incitation publique à l’exécution d’un crime » en diffusant sur les réseaux sociaux une vidéo « mettant en cause la régularité de l’élection présidentielle de 2022 », a expliqué le parquet dans un communiqué.

 

Bolsonaro aux Etats-Unis

La vidéo a été publiée deux jours après la violente invasion du siège de la présidence, du Congrès et de la Cour suprême par des milliers de bolsonaristes, puis effacée, a rappelé le parquet, mais elle pourrait apporter « un lien de preuve » justifiant « une enquête globale sur les actes effectués avant et après le 8 janvier 2023 » par Jair Bolsonaro.

L’ex-président, qui se trouve aux Etats-Unis depuis fin décembre, avait déjà été épinglé vendredi pour des dépenses somptuaires durant son mandat avec la carte de crédit présidentielle, comme les 20.000 euros déboursés en une fois dans un modeste restaurant du nord du Brésil ou les 10.000 euros dans une boulangerie le lendemain du mariage de son fils.

Les relevés de compte de la carte de crédit présidentielle sur ses quatre années de mandat (2019-2022) ont été publiés sur un site en ligne officiel du gouvernement Lula, qui a commencé à lever un secret imposé pour 100 ans par son prédécesseur sur des milliers de documents officiels.

Mais la demande d’enquête du parquet suit également de peu une révélation déjà liée au remake de l’assaut du Capitole américain le 6 janvier 2021, et qui met en cause l’ex-ministre de la Justice, Anderson Torres, chez qui a été retrouvé un projet de décret qui aurait pu permettre l’annulation de l’élection de Lula à la présidence.

Possible demande d’extradition contre l’ex-ministre de la Justice

Ce document très compromettant révélé jeudi soir par le quotidien Folha de S. Paulo a été retrouvé lors de perquisitions de la Police fédérale au domicile de cet ancien ministre, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt d’un juge de la Cour suprême pour « collusion » présumée dans les bolsonaristes qui ont pris d’assaut les lieux de pouvoir à Brasilia dimanche.

« Nous allons attendre qu’il se présente jusqu’à lundi. Si ce n’est pas le cas, nous lancerons la semaine prochaine la procédure de demande d’extradition », a annoncé vendredi Flavio Dino, ministre de la Justice de Lula, en fonction depuis le 1er janvier. Anderson Torres, qui se trouve aux Etats-Unis, n’a cessé de clamer son innocence et a promis de rentrer au Brésil pour se rendre aux autorités, sans pour autant indiquer de date précise.

Le document de trois pages trouvé chez lui prévoit que le gouvernement fédéral prenne le contrôle du Tribunal supérieur électoral (TSE), qui veille à la bonne marche du scrutin, « pour assurer la préservation et le rétablissement de la transparence, et approuver la régularité du processus électoral de la présidentielle de 2022 ».

Une mesure considérée comme anticonstitutionnelle par de nombreux juristes. Dans la pratique, cela signifie que l’intention aurait été d’annuler l’élection de Lula. Le décret présidentiel – qui n’a jamais vu le jour prévoyait la création d’une « commission de régulation électorale » pour remplacer le TSE, avec à sa tête une majorité de membres issus du ministère de la Défense (8 sur 17). Le document n’est pas daté, mais le nom de Jair Bolsonaro se trouve à la fin, sur un espace prévu pour sa signature.

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