Le Pape François : la mangeoire de Noël, invitation à servir Jésus dans les pauvres

by | Dec 25, 2022 | Edito, Opinion, Politique, Société

Le Pape François a célébré ce samedi 24 décembre la messe de la nuit de Noël en la basilique Saint-Pierre. Son homélie fut l’occasion d’une méditation sur le sens de la mangeoire dans laquelle a été déposé le Christ à sa naissance à Bethléem, symbole de proximité, de pauvreté et de concret à expérimenter aujourd’hui encore.

Comment «retrouver le sens de Noël?» : c’est par cette interpellation qu’a débuté l’homélie du Saint-Père prononcée sous la statue de saint Longin, face à l’autel de la confession, tout paré de fleurs rouges et blanches en cette nuit de Noël à peine commencée.

Face au péril du consumérisme et de l’agitation, la scène de la Nativité offre à l’attention du lecteur un «petit objet» riche de signification: la mangeoire. Elle est «le signe, et ce n’est pas un hasard, avec lequel le Christ entre sur la scène du monde. Elle est le manifeste avec lequel il se présente, la manière de Dieu de naître dans l’histoire afin de faire renaitre l’histoire», a déclaré le Souverain Pontife.

La mangeoire évoque la proximité, la pauvreté et la concret, a-t-il poursuivi.

Son amour ne dévore pas

D’abord la proximité, car les animaux peuvent y manger leur nourriture rapidement. Et le Pape d’établir un parallèle avec «l’avidité à consommer» de la part des hommes, également «avides de pouvoir et avides d’argent». «En combien de lieux, aujourd’hui encore, la dignité et la liberté sont-elles foulées aux pieds !», s’est-il indigné.

François a eu une pensée pour les «enfants dévorés par les guerres, la pauvreté et l’injustice. Mais c’est là justement que Jésus vient, enfant dans la mangeoire du rejet et de l’exclusion. Dans l’enfant de Bethléem, se trouve tout enfant».

Pourtant, le Christ ne fuit pas ce gouffre de l’avidité. «Il va là où l’on dévore la nourriture, pour se faire notre nourriture. Dieu n’est pas un père qui dévore ses enfants, mais le Père qui, en Jésus, fait de nous ses enfants et nous nourrit de sa tendresse. Il vient toucher nos cœurs et nous dire que la seule force qui change le cours de l’histoire est l’amour», a souligné le Pape, louant un Dieu «humble et proche».

La mangeoire de Noël est ainsi le «premier message d’un Dieu enfant», nous disant «qu’Il est avec nous, qu’Il nous aime, qu’Il nous cherche».

Fêter Noël avec les pauvres

Cette mangeoire d’une étable de Bethléem renvoie aussi à la pauvreté. Autour du nouveau-né, on retrouve Marie, Joseph et des bergers. «Tous des gens pauvres, unis par l’affection et l’étonnement, et non par les richesses et les grandes possibilités, a décrit le Successeur de Pierre. La mangeoire pauvre fait apparaître les véritables richesses de la vie: non pas l’argent ni le pouvoir, mais les relations et les personnes».

Mais la première des richesses est le Christ, a rappelé François, demandant si nous allons encore le visiter «dans les pauvres mangeoires de notre monde». D’où cet encouragement «à être une Église qui adore Jésus pauvre, et qui sert Jésus dans les pauvres». Sans les pauvres, a-t-il averti, «nous célébrons Noël, mais pas celui de Jésus».

Avoir une foi concrète

Enfin le Pape a souligné le caractère concret de la mangeoire, qui rappelle que «Dieu s’est vraiment fait chair». «Jésus, qui naît pauvre, qui vivra pauvre et mourra pauvre, n’a pas fait beaucoup de discours sur la pauvreté, mais il l’a vécue pleinement pour nous. De la mangeoire à la croix, son amour pour nous a été tangible, concret (…). Il ne nous a pas aimés en paroles, il ne nous a pas aimés pour rire!», s’est exclamé le Saint-Père.

Le témoignage du Seigneur est pour nous une invitation à une «foi concrète, faite d’adoration et de charité, et non de bavardages et d’apparences extérieures». Il s’agit d’«aller à la réalité nue des choses, déposer au pied de la mangeoire les excuses, les justifications et les hypocrisies. Lui qui a été tendrement enveloppé de langes par Marie, il veut que nous revêtions l’amour. Dieu ne veut pas de l’apparence, mais du concret», a insisté le Souverain Pontife.

La prière de François à l’Enfant Jésus

L’homélie du Pape, qui célébrait son dixième Noël au Vatican, a été ponctuée de trois demandes: «Que renaisse la confiance!», «Que renaisse la charité!», «faisons renaître un peu d’espérance chez ceux qui l’ont perdue !»

Et c’est une prière qui est venue la conclure: «Jésus, nous te regardons, couché dans la mangeoire. Nous Te voyons si proche, proche de nous pour toujours : merci, Seigneur. Nous Te voyons pauvre, nous enseignant que la vraie richesse ne réside pas dans les choses, mais dans les personnes, surtout les pauvres : pardonne-nous si nous ne t’avons pas reconnu et servi en eux. Nous te voyons concret, parce que ton amour pour nous est concret: Jésus, aide-nous à donner chair et vie à notre foi. Amen.»

Une relique du Saint Berceau est conservée à Rome, en la basilique Sainte-Marie-Majeure.

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