« L’hypocrite est le diable personnifié, il te miroite le paradis pour te pousser dans les braises de l’enfer, » dit Mostefa Khellaf.
- Pire classement mondial sous Ramgoolam en 2014
- Le PTr irrespectueux par excellence de la presse
Comme nous l’avons souligné la semaine dernière dans notre article intitulé « Au nom de la liberté de la presse, des loups rodent et attendent pour nous dévorer », nous revenons cette semaine avec d’autres éléments pour démontrer comment les journalistes et la presse ont été la cible d’attaques sous l’ancien régime. En ce faisant, nous dénonçons avec force l’hypocrisie de Navin Ramgoolam, qui a encore sorti une bêtise bien à lui. Selon l’ancien Premier ministre, « nous nous dirigeons petit à petit vers une dictature » …
L’attitude adoptée par Navin Ramgoolam vis-à-vis des récentes prétendues dénonciations d’attaques ou de menaces contre certains journalistes est simplement exécrable. L’ancien Premier ministre est sans doute touché par l’amnésie, soit il fait semblant d’oublier ou alors, son corps dirigeait le pays et son esprit était à Londres. Tout aussi choquant, ses prises de position sont relayées par la presse qui le présente comme le sauveur alors que ce personnage a causé beaucoup de tort à la presse pendant ses mandats. Juste une piqure de rappel pour ces journalistes qui n’ont pas de courage de remettre Navin Ramgoolam à sa place. Lorsque le PTr a quitté le pouvoir en 2014, l’île Maurice était 70e dans le classement mondial de la liberté de la presse, le pire classement jamais connu pour notre pays. Si vous vous faites une opinion de ce qui se dit dans la presse sur le Premier ministre actuel et le gouvernement MSM, vous pourrez croire que le pays a beaucoup reculé dans le classement de Reporteurs Sans Frontières. FAUX ! Maurice a progressé sous Pravind Jugnauth pour atteindre la 56e place en 2017, 2018 et 2020.
On est certain que les petits lutins rouges et les ogres de l’Opposition extra-parlementaire chercheront à dire que Maurice a reculé à la 61e place en 2021. Oui mais pourquoi ? Le score actuel du pays est de 28,74 et en 2020, nous étions à 28,00 et sur 180 pays, nous sommes 61. L’analyse des données démontre que la tendance mondiale est à la baisse. Le score médian est passé de 31,05 en 2020 à 31,69 l’année dernière. C’est un fait que la liberté de la presse a ainsi reculé de 2,06%. En espérant que les ‘fouterr dezord’ ne viennent pas dire que Pravind Jugnauth dirige le monde.
Revenons plus en arrière. Le 07 mai 2011, le journal de la Réunion, l’info.re publie les commentaires de Reporteurs Sans Frontières contre Navin Ramgoolam. RSF accuse ainsi l’ancien Premier ministre d’avoir « dépassé une ligne jaune » en attaquant personnellement le rédacteur en chef de l’Express d’alors, Raj Meetarbhan. Ce dernier devait alors déclarer à l’époque que « le Premier ministre insulte la presse. Il jette en pâture des noms de journalistes devant la foule, ce qui revient presque à un appel au lynchage »… Le même article fait état de la position de RSF contre Navin Ramgoolam, « qui ne font que créer un climat détestable entre autorités d’un côté et médias de l’autre ».
Les journalistes persécutés et arrêtés sous le règne Ramgoolam
- 2005
La journaliste Sarah Persand, le caméraman Sadeck Moco et le chauffeur Ravind Boodhoo ont été suspendus par la MBC. La raison ? Ils n’avaient pas couvert la visite de Satyanarayan Rao au bureau de Navin Ramgoolam. Ce dernier aurait ordonné à la MBC de sanctionner les personnes mentionnées.
- 2007
Le 21 novembre 2007, deux journalistes, notamment Josian Valère et Annabelle Volbert sont arrêtés par la CCID. Ces journalistes, alors à Radio Plus, étaient provisoirement accusés de diffusion de fausses nouvelles et diffamation criminelle. Week-End, sous la direction de feu Gérard Cateaux, a également repris la nouvelle de ces confrères, et lui fut arrêté en novembre 2007. La police reprochait à Gérard Cateaux d’avoir publié un article, sous la rubrique ‘Ça va se savoir’ dans une édition de dimanche, qui fait état d’une importante somme d’argent, qui aurait été découverte dans un casier d’un poste de police des Plaines-Wilhems.
- 2008
En 2008, deux journalistes de Radio One, notamment Karishma Beeharree et Humaira Ali ont, été interpellées après la diffusion d’une nouvelle sur l’état de santé de Ramgoolam.
- 2009
Irfaad Olitte et Deven Anacootee, deux journalistes de Radio Plus, sont arrêtés et jugés coupables après avoir pénétrés dans une zone interdite proche de la résidence de Navin Ramgoolam à St-Paul. Le verdict a été annulé, vu que la zone interdite dans cette affaire signifie priver la liberté de mouvement des citoyens dans un lieu culte, ce qui va à l’encontre de ce que garantit la Constitution.
L’ancien journaliste de la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC), Nadarajen Pillay a été interpellé par la police le lundi 05 janvier 2009. Il est accusé d’avoir tenu des propos déplacés à l’encontre du Premier ministre, le 01 janvier 2009. Le journaliste aurait téléphoné à la résidence de Navin Ramgoolam dans la soirée du 01 janvier pour exprimer son désaccord sur son discours de fin d’année à la nation mauricienne. Il reprocherait au chef du gouvernement de ne pas avoir fait mention des affaires ayant trait au travail social dans son discours du Nouvel An.
Le 25 février 2009, la rédactrice en chef de Radio One, Karishma Beeharee, et l’animateur, Finlay Salesse sont convoqués dans le cadre de l’enquête initiée à la suite de la déposition d’Indira Manrakhan pour diffamation criminelle. Rudy Veeramundur et Rajen Bablee ont été interrogés ‘under warning’ dans la même affaire.
- 2011
Le journaliste Dharmanand Dhooharika est condamné à 3 mois de prison, et une amende de Rs 300 000. La directrice de Contact Press Ltd avait écopé d’une amende de Rs 300 000. Ehshan Kodarbux, alors directeur du Défi Media Group, a été condamné à une amende de Rs 200 000. Le DPP leur reprochait d’avoir “publicly scandalised the Supreme Court and brought the administration of justice into disrepute en 2010”. La condamnation de Dhooharika, ennemi juré de Navin Ramgoolam, devait être annulée par les Law Lords de la Cour suprême dans un «landmark judgement » .
- 2012
Bam Fareedhun et Jimmy Jean-Louis avaient été convoqués un 24 décembre dans le cadre d’une enquête policière liée à une déclaration politique sur Nandanee Soornack. Ils avaient été convoqués par la Central Criminal Investigating Department (CCID) à 8h30 le lundi 24 décembre 2012 et après une plainte déposée par l’Attorney General d’alors, Yatin Varma, et la ministre de l’Egalité des genres d’alors, Sheila Bappoo après une conférence de presse de Pravind Jugnauth. Le leader du MSM avait dénoncé les agissements de la sirène et avait accusé le gouvernement d’alors de soutirer un pédophile au MITD.
L’ancien directeur du journal Sunday Times, Imran Hosany, refuse de divulguer la source à l’origine de la fuite des photos du cadavre de Michaela Harte. Pris d’un malaise alors qu’il attendait sa comparution devant le tribunal, Imran Hosany, qui avait retenu les services de Me Akil Bissessur, pour assurer sa défense, a été admis dans un hôpital public, alors qu’il restait en détention policière prolongée. Imran Hosany était même enchaîné sur le lit d’hôpital et souffrait des maux de la tête. Il avait passé deux nuits en détention policière. Avant que Jimmy Jean-Louis ne monte une opération solidarité pour réclamer et obtenir sa libération sous caution.
Ramgoolam mais pas que…
On dit souvent que l’exemple vient d’en haut. Si le leader n’a aucun respect pour les journalistes, alors qu’en sera-t-il pour ses ministres et autres trolls ? Le 27 avril 2010 en pleine campagne électorale à Rivière des Anguilles, Navin Ramgoolam se montre menaçant envers l’Express et Jean-Claude de l’Estrac. « Mo dir bann frustré ki pé assizé dan l’Express assizé dan buro ekrir. Mo dire zot rappel bien mo ni Sir Seewoosagur, ni Anerood Jugnauth. Ar moi to pou koné ar kisann la to finne gagne lamerdma et mo pou montré li. Mo pou montré Jean-Claude de l’Estrac, mo pou montré l’Express »…
L’histoire se souviendra l’attaque sanglante d’Anil Bachoo contre les journalistes en 2013. « Se trist manier zot detrip dimounn. Dimounn tonbe zot pile mem lor li. Mo prie bondie donn sa bann zanimo-la inpe lespri pou zot koumans konpran ki tou dimounn ena santiman. Pa fer seki zot pe fer. Mo kone ki mo pe koze kan mo koz are zot. Gramatin kan lir zournal ki arive sa. Fer dimounn konpran so gouvernman inn fini nanyen pa finn fer », a poursuivi Anil Bachoo. Il a expliqué que des travaux sont en cours en vue de couper une montagne pour créer un chemin même si les consultants n’ont pas réalisé, selon lui, le glissement de terrain que cela a créé. « Pale zour zot. Bondie pann donn zot lespri sa bann malad mantal. Zot pa kone ki kan ena landslide pas kapav fer gran kitsoz ».
Menaces de mort cautionnées
Et dire que Navin Ramgoolam avait soutenu son VPM et ministre des Infrastructures publiques d’alors en dépit de la pression populaire. Ramgoolam ‘soutireur’ a également récidivé en dehors du pouvoir. En 2017, Navin Ramgoolam se retrouve avec une plainte de Marwan Dawood, alors journaliste à Sunday Times. Ramgoolam est informé que son trésorier d’alors, feu Ah-Fat Lan Hing Choy l’avait menacé de mort. Une fois de plus,vaucune action n’est prise…
Pour terminer, tous ceux, qui croient en les paroles de Ramgoolam sur la liberté de presse, ne peuvent qu’attendre que le masque du loup tombe ! Le retour de la manivelle sera fatal… L’hypocrite est le diable personnifié, il te miroite le paradis pour te pousser dans les braises de l’enfer, dit Mostefa Khellaf…
Bonanga Lilongwe
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