Celui-là, on ne l’attendait pas du tout. Pourtant Ezra Jhuboo n’a pas fait dans la dentelle en claquant bruyamment la porte du Parti Travailliste ce vendredi. Il a soumis sa lettre de démission au leader des rouges, Navin Ramgoolam ce vendredi 16 septembre. Une deuxième grosse pointure après le départ de Kalyanee Juggoo, l’ancienne secrétaire-générale des rouges.

« I gave an interview in the press in 2017 asking for “une re-invention du parti travailliste“, and in the light of the reconduction of the Political Bureau I am afraid that my appeal for a transformation of the party was in vain. Family contribution, true loyalty, integrity, and more importantly competence matter little for the actual establishment, and consequently I am putting an end to my engagement », écrit-il dans sa lettre de demission.

Dans cet entretien, il avait soutenu que la solution c’est d’avoir de la considération, un espace pour exister. Car, rappelle-t-il, cette place nous l’avons acquise démocratiquement par les urnes. Pour Ezra Jhuboo, une hiérarchie figée a besoin d’être bousculée, pour mieux répondre aux aspirations des citoyens, pour les entendre, pour agir. En politique, ce qu’il y a parfois de plus difficile à déchiffrer, c’est ce qui se passe sous vos yeux.

Selon lui, le PTr doit se réinventer. Force est de constater que nous sommes un parti vieillissant, ajoute-il dans cet entretien. Il est des vérités désagréables à dire, mais il est des moments où il faut savoir les mettre en pleine lumière. De plus, dit-il, les membres doivent descendre sur le terrain. Parler à la population, l’écouter…. et, proposer une alternative crédible en prenant le débat en main, en pensant différemment. C’est ce chemin qu’il faut retrouver ! Cela suppose de libérer le parti de ses freins et de ses blocages, de porter des idées plutôt que des conservatismes, a-t-il fait ressortir lors de cet interview.

A la question, pensez-vous que la vieille garde travailliste mène le parti à sa perte ? Ezra Jhuboo répond qu’il y a des personnalités remarquables au sein de la direction, à commencer par le Dr Boolell. Et concernant les autres, il affirme ceci : Je ne veux pas personnaliser le débat. Je vous l’ai dit : quand on perd avec 10000 voix d’écart, il est sage d’en tirer des leçons. Quiconque représente un handicap pour le PTr doit savoir s’en éloigner. S’il n’y a pas ce sursaut, cette remise en question, le risque est aussi celui de l’émiettement. Une fraction de notre électorat sera tentée de fuir à toutes jambes vers le MSM, comme en 2014.

Ezra Jhuboo avait été battu dans la circonscription n° 14 (Savanne-Rivière-Noire) lors des législatives de novembre 2019. Il avait terminé à la quatrième place avec 15 648 voix derrière les trois candidats de l’alliance Morisien soit à 185 voix de moins que Nand Prakash Ramchurrun. Sa démarche pour contester les résultats des élections générales dans cette circonscription a été rejeté par la Cour Suprême avec dépens. Les juges estiment qu’Ezra Jhuboo n’a pu démontré que la salle informatique est à la base d’erreurs de comptage des voix, qui lui aurait été fatal dans sa non élection comme député.  Cinq ans plus tôt, soit en 2014, il avait élu sous la bannière de l’alliance PTr-MMM dans cette même circonscription.