Les négociations avant tout le reste commencent à faire foncer des sourcils
La distribution des postes constitutionnelles parmi les motifs de discorde
On dit qu’un mariage forcé fini rarement bien… et d’après les circonstances actuelles, on doute que c’est l’opposition qui viendra prouver le contraire. Cette union sans amour et par intérêt que souhaite les différentes parties opposant de la chambre semble malheureusement destinée à une mort certaine. On aurait pu croire au début qu’ils devaient uniquement prendre le temps de mieux se connaitre et de bâtir sur des bases solides, mais rien n’y fait. Les tentatives de réunification sont non seulement restées dérisoire mais ont aussi permis de voir à quel point ils sont toxiques l’un envers l’autre.
Beaucoup s’attendaient à une amélioration dans leurs tentatives de faire force commune et espérer un changement d’attitude pour leurs retours au parlement. Nombreux sont ceux qui croyaient que les trois mois de vacances aller être fructueux et qu’ils allaient faire une apparition main dans la main, prêts à travailler ensemble mais encore une fois c’est la désillusion qui a prévalu. Les koz-koze, les yeux doux, les jeux de séduction, les négociations, n’ont nullement étaient en faveur d’une entente. Mais a installé davantage de division dans leurs projets.
Jusqu’à présent les signes ne laissent ainsi planer aucun espoir quant à une réunification, encore moins une qui va durer. Car malgré que les mois se succèdent, les consensus restent inexistants. Le comble est que le dernier litige en date a été la distribution des postes constitutionnels au sein de l’opposition. Une cacophonie a eu lieu, uniquement pour choisir comment les rôles seront repartis. Cette situation a déclenché pas mal d’irritation dernièrement car des yeux s’ouvrent à mesure pour constater que leurs désirs de faire front commun est devenu obsession et que celui-ci n’apporte rien de bénéfique à la population.
Que du flou
Alors que la rentrée parlementaire est prévue pour pas plus tard que ce mardi 22 mars 2022, aucune décision n’a pu être arrêtée concernant celui qui assumera le rôle de leader de l’opposition, celui de Whip ou celui du président du Public Accounts Committee (PAC). A moins d’un dénouement de dernier moment, tout laisse ainsi croire que Xavier-Luc Duval maintiendra le siège de leader de l’opposition. Un bureau politique des rouges faisait mine de dernier espoir quant à un changement mais toujours sans nouvelles. Alors que Paul Bérenger, lui, ne perdait pas espoir.
Différentes mindset
Si les négociations se sont heurtées devant un mur, c’est notamment parce que le Parti Travailliste demeure réticent face aux propositions de rejoindre les autres forces opposant du gouvernement, si ses exigences ne sont pas respectées. Mais aussi car les souhaits de Navin Ramgoolam de rafler les postes, diffèrent de ceux d’Arvin Boolell, qui devait logiquement assumer ce rôle. L’alliance de l’espoir qui comprend le MMM, le PMSD et Nando Bodha, lui est restée bloqué devant une incompréhension alors que leurs buts d’avoir le Ptr avec eux les démangeaient.
Négociations ratées
Au début, tout laissait croire que lors d’une négociation entre Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, le Parti travailliste (PTr) avait fait part de son souhait d’occuper le poste de leader de l’opposition de même que celui du Whip. Mais le leader du Mouvement militant mauricien, avait suggéré à ce que les rouges aient le poste de leader de l’opposition. Celui du Whip de l’opposition devrait alors être confié au MMM alors que le président du Public Accounts Committee (PAC) reviendrait au PMSD. Ensuite, le leader des rouges aurait déclaré qu’il ne voyait aucun inconvénient à un partage des responsabilités dans l’opposition.
Désaccordé
Cependant, le chef de file du PTr au Parlement, Arvin Boolell, n’a pas abondé dans le même sens. Lui est plutôt pour que le poste de leader de l’opposition revienne au parti ou le groupe qui a le plus de députés, c’est-à-dire le groupe MMM, PMSD et Nando Bodha. Se basant sur la supériorité numérique du PTR, il a rappelé que la fonction de leader de l’opposition devrait lui revenir dans une conjoncture avec les partis de l’opposition autonome. Mais que dans le cadre d’un bloc entre les partis de l’Espoir, l’application des provisions de la section 73 de la Constitution ferait que ce poste reviendrait à un membre de cette plateforme. Arvin Boolell, précisant que le PTr n’est « à aucun moment demandeur ».
Faisant ressortir que les rouges prônent le respect de la Constitution et souhaitent dans ce contexte, le respect également envers leur parti, Arvin Boolell ajoute cependant que pour l’heure, « l’essentiel c’est le travail. » Et s’il y a eu des discussions entre le leader du PTr et le leader du MMM quant à une probable alliance, « ce n’est pas la composition du prochain gouvernement qui est important, mais un programme pour améliorer la vie des citoyens », dit-il. Surtout que la stratégie du PTr a toujours été d’avancer « one step at a time ». Cependant, il a insisté que son parti jouera pleinement son rôle, et qu’il y aura des consultations avec les autres membres de l’opposition quand cela s’avérera nécessaire.
Naif ou désespéré ?
Après cet échec, le leader du PMSD, Xavier-Luc Duval, actuel titulaire du poste, a maintenu que le plus important est un regroupement de l’opposition pour les municipaux. «Il m’importe peu qui va occuper le poste de leader de l’opposition à la rentrée parlementaire. Le plus important est que nous allions ensemble aux élections municipales. Je vais m’atteler à travailler là-dessus, comme je l’ai fait à Rodrigues pour qu’il y ait une unité. Si nous allons ensemble aux élections municipales, une victoire donnera courage et motivation aux partis de l’opposition pour remporter les élections générales » déclare-t-il.
Cependant lors d’une campagne de mobilisation de la Women’s League du Parti travailliste (Ptr) samedi après-midi dans la région de La Rosa, Arvin Boolell a fait comprendre que si l’option se présente, le parti briguera les municipales seul. De l’autre côté, les pourparlers entre les deux leaders, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, sur les élections générales ont depuis été suspendus. Une source de l’opposition avait affirmé que Navin Ramgoolam aura prochainement une réunion avec les membres de son bureau politique et que les deux hommes pourraient se rencontrer ensuite.
Enter Kailash Puryag
Alors que Arvind Boolell clamait aussi le mois précèdent que le poste de Premier ministre devrait lui revenir après les trois années de Navin Ramgoolam. «Je ne peux pas être l’éternel Poulidor», avait-il déclaré. Depuis quelque temps, Kailash Purryag, ancien adjoint au Premier ministre et ancien président de la République, est cité comme le successeur de Navin Ramgoolam.
Commentant l’éventuel retour de Kailash Purryag, Arvin Boolell affirme qu’il y a toujours des spéculations en politique. «J’ai entendu ces rumeurs. Je ne sais pas qui les véhicule, mais en fin de compte, ce sera le bureau politique du PTr qui aura le dernier mot ».
Des mécontents
Ces débandades de l’opposition n’ont pas manqué de faire réagir certains même les dénigreurs du gouvernement. Dans le journal de 5 Plus, du week-end précèdent, l’éditorialiste Michaella Seblin, s’est vu obliger de questionner l’absence au devoir des membres de l’opposition. Elle a soulevé que les membres opposant de la chambre qui ont le devoir de représenter les voix citoyennes au parlement, s’adonnent à un spectacle de marionnette burlesque dans lequel chacun ne fait que convoiter la place du prince.
« Que nous propose cette force représentante de l’alternative démocratique. Est-ce que l’opposition a des solutions à court, moyen et long terme pour résoudre les problèmes qui asphyxient notre pays ? Est-ce que l’opposition nous propose des outils solides contre la corruption et le vol de l’argent public ? Est-ce que l’opposition nous propose des lois sévères pour punir ceux qui se rendent coupable des passes droites, de favoritisme, envers les camarades. Est-ce que l’opposition nous propose une gestion plus moderne et saine de nos institutions publiques » a-t-elle soulevé.
D’ajouter qu’au lieu de faire part d’idée audacieuse pour mettre fin à la discrimination communale, tout en appliquant des politiques d’intégration de tous les citoyens dans une nation Mauricienne fière d’une identité multiple, elle préfère nous gratifie d’un triste spectacle de querelle infantile sur le choix de quelques postes à pourvoir dont celui de leader l’opposition. Et estime légitime de s’interroger sur les réelles motivations de ces politiciens « qui ne font que discours et promesses en aspirants aux fauteuils du pouvoir pour le pouvoir ». Pour conclure que les dirigeants fatigués de l’opposition n’ont ni la volonté ni l’énergie pour se battre en faveur d’un pays dont ils dénoncent la gestion.
Pour sa part, Jean-Claude de L’Estrac, qui participait au grand débat de Radio Plus dans le cadre des 54ème fêtes d’indépendance et 30 ans de la république, n’a pas non plus manqué d’égratigner l’opposition, en faisant part d’un « manque de leadership » et que celle-ci fait de la démagogie en faisant toutes sortes de demande alors que le contexte mondial est compliqué.
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