Le MMM est en train de mendier une alliance avec le PTr
 ‘Money politics’… ? Est-ce-que le MMM a acheté Nando Bodha pour
qu’il quitte le MSM ?

 Nitin Jeeha, c’est le fils spirituel de Bérenger, je ne m’y attendais pas ?
Notre invitée de ce dimanche est Neera Seebarun, candidate du
MMM lors des législatives de 2019 dans la circonscription no 8
(Moka/ Quartier-Militaire). Dans l’interview qui suit, elle revient
sur les raisons qui l’ont poussé à démissionner de toutes les
instances du MMM ce 31 janvier dernier. Notre invitée nous parle
également de son engagement politique et répond à d’autres
questions d’actualités.

D’abord pour ceux qui ne vous connaissent pas ou pas assez, présentez-vous
Tous ceux qui suivent la politique, surtout l’histoire du MMM, me connaissent
déjà car j’ai été très active au sein de ce parti pendant ces douze dernières
années avec plusieurs responsabilités. Pour ceux qui ne me connaissent pas
assez, je suis Neera Seebarun, une jeune professionnelle et habitante de
Pailles. Je suis une jeune femme engagée et passionnée par la politique.
Ancienne membre du bureau politique, du comité central et du comité
régionale du MMM au No 1, j’ai brigué les suffrages lors des législatives de
2019 dans la circonscription no 8 Moka/ Quartier-Militaire.
Qu’est qui vous a poussé à faire le grand saut politique en 2019 et comment
s’est avéré l’expérience ?

Tout d’abord, je me suis engagée dans la politique car je veux être au service
de la population. Ensuite, pour votre information, ce n’est pas en 2019 que j’ai
commencé à faire de la politique mais bien avant. En effet, c’est en 2012 après
avoir complété mes études universitaires (Masters) que j’ai intégré le MMM.
De 2012 à 2019, j’ai occupé plusieurs postes de responsabilités au sein de ce
parti. Tour à tour, j’ai assumé le rôle de membre exécutive au comité régionale
du MMM de la circonscription no 1 ; membre de l’aile jeune au niveaunationale ; membre du comité central et du bureau politique également. Pour
couronner le tout, j’ai été choisie pour être une candidate dans la
circonscription no 8 (Moka/ Quartier-Militaire) lors des dernières élections
générales. Ma participation à ces élections a été riche en expérience car j’ai pu
découvrir de près l’organisation d’une élection et j’ai eu une bonne expérience
de terrain.

Vous avez choqué plus d’un en démissionnant de toutes les instances du
MMM, il y a quelques semaines. Comment en êtes-vous arrivé à cette
décision ?
Ce sont les négociations d’alliance entre Paul Bérenger et Navin Ramgoolam
qui m’ont amené à prendre cette décision. Le MMM est en train de mendier
une alliance avec le PTr, et je ne peux adhérer à une telle politique. C’était la
même chose en 2014 et nous connaissons tous quels résultats le MMM et le
PTr avaient emmené lors de ses élections. C’était une erreur drastique et
capitale que le MMM avait fait. Ainsi, je refuse d’être partante pour que les
militants vivent une telle souffrance encore une fois. C’est quand même triste
que le leader du MMM, Paul Bérenger reprenne cette même direction. C‘est
comme s’il n’a pas appris de ses erreurs du passé et comme moi, beaucoup de
militants sont fatigués et las de cette situation.
Votre mésaventure n’est-elle pas en fait le drame de la vie politique où seule
l’élite d’une formation politique a droit au chapitre et aux décisions
stratégiques ?

Il est malheureux de constater qu’au MMM, les opinions des membres du
bureau politique sont rarement, pour ne pas dire jamais, prises en compte.
Durant ces douze dernières années que j’ai passé au sein du MMM, mes
opinions ont rarement été comptés. Cela fut le cas pour plusieurs autres
membres qui occupent pourtant des hautes fonctions au sein de ce parti. Il est
dommage que seul le leader a toujours le dernier mot à dire. Ce que je juge
grave pour un parti qui se dit être démocratique.

S’il y a quelque chose à changer dans la stratégie des mauves, ce serait quoi ?
Je dirais tout simplement les décisions non-calculées. Sincèrement, je pense
que la direction de ce parti ou plutôt son leader doit arrêter de déstabiliser le
parti avec des risques non calculés comme les tractations en cours avec le Parti
Travailliste. Le MMM a connu un effritement de son électorat depuis 2014
avec l’alliance rouge-mauve. Si Paul Bérenger persiste et signe dans cette

même direction, il risque de voir plusieurs militants abandonner le navire
mauve.
Curieusement, il y a également dans le même sillage le départ de Jenny
Adebiro, Yannick Catherine, Nitin Jeeha etc. Au MMM, on parle de
débauchage, d’acheter/vender etc. Que pouvez-vous dire à ce sujet ?
C’est vraiment inconcevable de la part de Paul Bérenger et certains autres
dirigeants du MMM comme Rajesh Bhagwan de tenir des propos blessants
envers des jeunes intellectuels et compétents, comme Jenny Adebiro, Yannick
Catherine et même. Nous avons sacrifié nos études, notre vie familiale et nous
nous sommes donnés corps et âmes pendant de nombreuses années à ce
parti. Et en retour, recevoir de tels traitements vis-à-vis de certains dirigeants
de ce parti. Ni Jenny Adebiro, ni Yannick Catherine, Nitin Jeeha ou encore moi
étions des simples membres du MMM. En ce qui me concerne, j’ai eu un
parcours d’environ douze ans au sein de ce parti alors que Yannick Catherine
est actif au MMM pendant plus de vingt ans.

D’autre part, je trouve cela vraiment inapproprié pour Paul Bérenger de venir
nous traiter comme des acheter/vender. Nous prennent-ils pour des esclaves ?
C’est pendant la période de l’esclavage qu’on utilisait le terme acheter/vender
où les maîtres achetaient et revendaient des esclaves. C’est grave s’ils traitent
les Mauriciens comme des esclaves. J’espère que la population en tirera leur
propre conclusion à la suite des propos de Paul Bérenger.
Certains ont parlé de ‘money politics’ ?

J’ai démissionné de toutes les instances du MMM pour des raisons purement
fondamentales. Je m’oppose farouchement contre cette alliance avec le Parti
Travailliste. Je trouve cela très grave, voire grossier, de la part de Paul Bérenger
et Rajesh Bhagwan particulièrement, qui allèguent qu’on a reçu des avantages
pour abandonner le parti. C’est tout faux. Nous ne sommes pas des personnes
vendables. Lorsqu’ils parlent de ‘money politics’, on peut se poser des
questions par rapport à la démission de Nando Bodha du gouvernement à la
suite d’une demande de Paul Bérenger. Nando Bodha, est-il une personne
vendable ? Est-ce-que le MMM a acheté Nando Bodha pour qu’il quitte le
MSM ?
Bhagwan comme d’autres dirigeants reprochent aux démissionnaires de ne
pas avoir été présents dans les instances. Que leur répondez-vous ?

Je mets au défi Rajesh Bhagwan et tous ceux qui nous reprochent de ne pas
avoir été présents dans les instances mauves, de venir avec des preuves pour
affirmer leurs dires. Comme je l’ai déjà affirmé, Jenny, Yannick et moi-même,
nous avons tout sacrifié, y compris notre carrière pour le MMM. On ne mérite
pas ce type de traitement. Je pense que ce même sort sera réservé à tous les
militants qui refuseraient d’obéir à la ligne qu’adopterait le leader du MMM.
Aussi, si je comprends bien, ce sont uniquement Rajesh Bhagwan et Paul
Bérenger qui sont actifs au MMM de surcroit dans les vingt circonscriptions du
pays ?
Que dire du départ de Nitin Jeeha ?
Alors lui, c’était celui qu’on connaissait comme le fils spirituel de Paul
Bérenger. Franchement, je ne m’y attendais pas. Cela confirme tous ce que je
vais ai dit plutôt mais comme vous, je le laisserais s’exprimer dessus.
Il y a eu beaucoup de critiques sur les dernières élections générales. En tant
que candidate du MMM, ont-elles été « free and fair » ?
Tout d’abord, je tiens à préciser que j’ai travaillé sur le terrain pendant neuf
ans dans la circonscription no 1. Ce n’est que trois mois avant les législatives de
2019 que j’ai été désignée par le bureau politique des mauves pour être une
candidate sous la bannière du parti dans la circonscription no 8 (Moka/
Quartier-Militaire). Sachant déjà que le Premier Ministre, Pravind Jugnauth et
ses deux colistiers, Leela Devi Dookhun-Luchoomun et Yogida Sawmynaden
effectuaient un travail formidable dans cette circonscription, j’ai accepté le
risque en me portant candidate. Je me suis donnée à fond dans cette élection
et j’ai labouré le terrain jusqu’à la dernière minute. L’électorat du no 8 ont fait
leurs choix et ont reconduit le Premier Ministre et ses deux colistiers au
pouvoir. Je respecte le choix des électeurs de la circonscription no 8 qui ont
renouvelé leur confiance au PM lors de ses élections. D’autre part, je constate
que l’organisation des élections de 2019 ont été « free and fair ».
Avez-vous décidé sur la suite pour votre avenir politique ?
Pour le moment, je souhaite m’accorder un temps de réflexion avant de
décider de la marche à suivre par rapport à mon avenir politique. En temps et
lieu, je vais informer les membres de la presse et la population de ma décision.
Quels sont les thèmes qui ne sont pas suffisamment débattus en ce moment
sur l’échiquier politique et qui concernent l’avenir du pays ?

Je dirais l’économie bleue et le changement climatique. Il faut savoir que
l’économie bleue fait référence aux activités économiques liées aux océans,
mers et littoraux qui respectent les droits humains et environnement. Je pense
qu’avec la pandémie de la Covid-19, l’économie bleue peut aider à sauver
notre économie. Ainsi, je trouve qu’il est plus qu’urgent que les autorités
songent à utiliser nos ressources marines. De plus, j’attends à ce qu’il y ait plus
de débats d’idées et des décisions par rapport au changement climatique.
Peu de femmes réussissent en politique. Pourquoi ?
Je constate que ces dix dernières années, il y a une prise de conscience chez la
femme mauricienne sur la question politique. En effet, je trouve que de plus en
plus de femmes éprouvent un intérêt pour la politique. D’autre part, le fait que
peu de femmes réussissent en politique, c’est un peu par leur faute car arriver
à certains âges, certaines d’entre elles préfèrent abandonner la politique pour
s’occuper de la vie familiale.
Le mot de la fin…
J’ai un message à tous les militants : ne commettez pas les mêmes erreurs
qu’en 2014. Ne restez pas silencieux face aux dérives de Paul Bérenger.
Montrez à la direction votre désapprobation face aux tractations d’alliance
entre le MMM et le PTr. J’ai aussi un message pour Paul Bérenger. Dans une
récente conférence de presse, il avait déclaré que les militants du no 8 n’ont
pas voté pour moi lors des élections de 2019 par manque de confiance. Si
l’électorat du no 8 a plus de confiance en lui, pourquoi il reste au no 19 ? Qu’il
vienne se porter candidat au no 8 lors des prochaines élections prévues en
2024.