Démission de Nando Bodha : Laisse aller, c’est une valse!…

by | Feb 8, 2021 | Actualités, Politique

• Les vraies raisons de son départ : Sa popularité en chute libre au No 16, ses aspirations de devenir Premier ministre, le changement de ministère y est pour quelque chose

• Premier ministre… il aura du mal à convaincre après toute sa carrière dans une circonscription urbaine

• SAJ ne pardonne jamais ceux qui trahissent son fils et sa famille

• Tous ceux qui ont quitté le MSM se sont dirigés vers leurs crépuscules politiques
On s’y attendait depuis longtemps. Mais la nouvelle est tombée samedi matin. Nando Bodha, ministre des Affaires étrangères, annonce dans un communiqué qu’il a soumis ce samedi 6 février 2021 sa démission en tant que ministre des Affaires étrangères et du MSM.
« La culture du pouvoir et le fonctionnement du MSM ne correspondent plus aux valeurs et principes qui ont toujours marqué mon parcours politique », lance Nando Bodha dans un communiqué de presse.
Nando Bodha a soumis ce samedi 6 février 2021 sa démission en tant que ministre des Affaires étrangères et membre du MSM. « Les idéaux et principes fondamentaux qui m’ont guidé depuis mon engagement avec Sir Anerood Jugnauth ne sont plus là. A ma grande déception », ajoute-t-il.
« Aujourd’hui, je souhaite que mon combat politique prenne une nouvelle orientation. Il s’agira d’un nouveau projet de société qui correspondrait aux aspirations des Mauriciens », annonce Nando Bodha.
Malheureusement, ces belles paroles ne convaincront pas grand monde. Pour cause, il a connu toutes les étapes dans une carrière bien remplie. Diplômé en urbanisme, il est un présentateur vedette de la MBC. Nando Bodha obtiendra la chance de présider aux destinées de la corporation qu’il quittera en mauvais termes avec seulement Rs 54 000 en poche. Des mauvais souvenirs que Navin Ramgoolam, qui l’encense aujourd’hui, s’était fait un malin plaisir de le rappeler au Parlement. A plusieurs reprises, il a occupé le poste d’attaché de presse de Sir Anerood Jugnauth, dont il est devenu proche jusqu’à samedi matin. L’on sait que le bonhomme ne pardonne pas ceux qui trahissent son fils. Nando Bodha ne devrait pas être l’exception qui confirme la règle.
« Sa performance personnelle, aux dernières élections générales, doit lui être restée en travers de la gorge »

Catapultée secrétaire-générale du MSM, il prit part aux élections générales de 1995 au No 6, à Grand Baie/Poudre D’Or où il a été battu à plate couture en cinquième position avec que 5 992 voix alors que Dan Beeharry remportait quelque 19 987 voix en première position. Ce n’est que partie remise puisque cela lui permettra de finir ses études d’avocats et de prêter serment au barreau. Il jouera un rôle important au sein de son parti en se faire élire en première position au No 16, a Vacoas/Floréal, pour les élections de 2000, 2005, 2010 et 2014. C’est le début problème Bodha avec les élections de 2019. Il s’est fait battre par la néophyte Joanna Bérenger qui le devance dans son fief avec environ 4 400 voix.

Lui qui est habitué à prendre entre 51, 59 ou 62 pourcents des votes se retrouve avec une décevante 32.68%. Ce qui l’a obligé à prendre conscience de sa vulnérabilité, selon les observateurs politiques, et qui a pesé dans sa décision de samedi matin.

Nando Bodha a occupé plusieurs positions ministérielles soit : Tourisme et Loisirs (septembre 2000 à décembre 2003 et du 11 mai 2010 à 25 juillet 2011), l’Agriculture (décembre 2003 à juillet 2005), Infrastructures Publique (15 décembre 2014 au 12 novembre 2019) et ministre des Affaires Étrangères (22 mars 2019 au 06 février 2021). On affirme qu’il n’était pas heureux à ce ministère car il n’a pas apprécié de ne plus piloter le dossier du métro-léger.

Le démissionnaire a aussi présidé le comité d’élite parlementaire ayant conduit à la retransmission en direct des travaux de l’Assemblée Nationale entre Avril 2011 et mars 2014. Il a également occupé le poste de Leader de l’Opposition du 04 avril 2006 au 24 septembre 2007.
Le moutouc de Primeministership
Ce n’est pas la première fois que cette question fait surface pour Nando Bodha. Déjà en 1996, dans un entretien accordé à Week-End, il a eu à faire face à cette question de Jean Claude Antoine : Vous êtes de la caste qui fait les premiers ministres? Ce a quoi il répondra habilement : « Pour moi, Sir Anerood Jugnauth est le dernier des mohicans ». Au journaliste de reprendre : « Vous n’avez pas répondu à ma question » Et à Nando Bodha de répondre : « La question ne se pose pas? »
Depuis quelques semaines, on parle de lui comme un premier ministre crédible pour les partis de l’Opposition. Mais il faudra voir l’évolution de son orientation politique. Soit il devient le leader du MMM, où il créé une formation possible qui n’aura pas un ancrage national. A la différence de Madun Dulloo, Ajay Gunness ou Pradeep Jeeha, le démissionnaire est issu d’une circonscription urbaine alors qu’à Maurice : « C’est villaz ki faire élections ».
La preuve, battu à plate couture lors des deux dernières élections, Navin Ramgoolam pourrait aujourd’hui difficilement prétendre diriger une alliance électorale en vue d’une joute électorale. Mais si le principal concerné s’y obstine. Si Bodha brandit le métro-léger comme une réalisation, sa contribution au projet est nettement diminuée en contraste avec l’engagement personnel de Pravind Jugnauth sur le projet.
L’avenir des ceux qui ont déserté le MSM
Depuis la nuit des temps, tous ceux qui ont abandonné le MSM ont terminé leurs carrières politique. Les plus récents exemples sont : Anil Bachoo, Mme Sheila Bappoo, Rama Sithanen, Rechad Sayfoo, Jean Noel Sandian, Ramduth Jaddoo, Jim Seetaram, Pratibha Bholah, Sheila Grenade ou encore Mireille Martin. Rarement ont-ils retrouvé la stature qui était la leur lors de leur passage au MSM. A titre d’exemple, Joe Lesjongard fut mis aux oubliettes quand il décida de passer chez les mauves. Tandis qu’aujourd’hui, il effectue un grand retour à la présidence du MSM. Le ministre des Utilités Publiques s’est réjoui que « Bérenger pane réussi faire moi vine bagasse ».
Par ailleurs, Pravind Jugnauth s’est dit surpris que Nando Bodha s’est laissé couillonner par Paul Bérenger. Ce dernier aurait « lastique » l’ex-SG du MSM avec le poste de Premier ministre. Comme il l’avait jadis promis à H. Bhageerutty, Madun Dulloo, Alan Ganoo, Ashock Jugnauth, Pradeep Jeeha, Jyoti Jeetun ou encore Maya Hanoomanjee sans oublier Dinesh Ramjuttun.
Donc, Bodha devra manger son margoze et ronger ses freins dans l’Opposition. Ce n’est pas au Parti Travailliste que sa caste de Vaish l’aidera avec les Ritesh Ramphul, Rajesh Jeetah et autre Lormesh Bundhoo aux aguets. Sans compter que Navin Ramgoolam a une singulière façon de mettre au placard ceux qui osent se mettre en travers de sa route. Peu importe s’il s’appelle Arvind Boolell ou pas. On l’a bien entendu samedi sur les ambitions premier ministérielle de Badhain et on sait quoi en penser.
Beaucoup au MSM n’ont jamais digéré le fait que le brillant communicant qu’il est Nando Bodha n’a jamais publiquement défendu Pravind Jugnauth dans l’affaire Medpoint ou le gouvernement sur les radios privés depuis très longtemps.
Maneesh Gobin a d’ailleurs tenu à s’expliquer sur l’assurance que le démissionnaire lui avait donnée ainsi qu’à plusieurs autres camarades du parti. La veille Nando Bodha affirmait à ses collègues: (i) mone né MSM, (ii) mo fidèle are MSM, mo fine mobilise dimoune pou vine Comité Centrale Samedi avec Joe. Et l’Attorney General de s’interroger sur « ki l’importance de so parole ». Tandis que les termes « nimakaram, hypocrite et bon débarras » fusaient dans le Sun Trust à l’égard de son ex-secrétaire générale.
Le démissionnaire aura du mal à convaincre sur son nouveau projet de société avec les Laurette, Bérenger, Ramgoolam, Badhain, Duval, Valayden et consorts. La démonstration de force du Sun Trust samedi ne doit pas être prise à la légère. D’autant que le MSM c’est « ene sel parti, ene sel famille derrière ene sel leader ».
Aujourd’hui comme tous ceux qui ont tenté le coup politique avant lui, Nando Bodha tente de profiter du climat politique actuel pour se refaire une virginité politique. Les observateurs avertis affirment qu’il se dirige vers le crépuscule politique de sa carrière.
Mais comme on le dit si bien : laisse aller, c’est une valse !

Terra Del Fuego

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