Fin de vie : Alain Cocq, qui avait décidé de se laisser mourir, a été hospitalisé
Atteint d’une maladie incurable, Alain Cocq a été transféré lundi soir, inconscient, au CHU de Dijon, quatre jours après avoir arrêté tout traitement et alimentation.
Le militant de la fin de vie “digne'” Alain Cocq a été hospitalisé lundi soir, après quatre jours sans traitement ni alimentation, a rapporté mardi 8 septembre sa mandataire. “Il a été hospitalisé hier soir après une intervention du Samu. Je pense qu’il n’était pas conscient”, a déclaré Sophie Medjeberg, vice-présidente de l’association Handi-Mais-Pas-Que, qui dit craindre que le malade ait été conduit à l’hôpital et soigné contre sa volonté. Ce qu’elle n’a pu confirmer auprès de l’intéressé.
Alain Cocq, atteint d’une maladie incurable, avait annoncé, dans la nuit du vendredi 4 au samedi 5 septembre sur Facebook, interrompre traitement, alimentation et hydratation, se laissant ainsi mourir en direct afin de dénoncer “l’agonie” contrainte par la loi actuelle sur la fin de vie. Le réseau social a toutefois annoncé, samedi matin, avoir bloqué cette diffusion en vidéo.
Emmanuel Macron refuse le suicide assisté
Alain Cocq avait, peu auparavant, essuyé un refus du président Emmanuel Macron de l’aider à mourir en autorisant un suicide assisté. “Votre souhait est de solliciter une aide active à mourir, qui n’est aujourd’hui pas permise dans notre pays”, a écrit le président de la République en réponse à la demande d’Alain Cocq d’autoriser un médecin à lui prescrire un barbiturique, “à titre compassionnel”, afin qu’il puisse “partir en paix”.
La loi Claeys-Léonetti sur la fin de vie, adoptée en 2016, autorise la sédation profonde mais seulement pour les personnes dont le pronostic vital est engagé “à court terme”. Or le malade incurable ne pouvait alors pas prouver que sa fin de vie approchait à court terme.
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Alain Cocq : une sédation profonde jusqu’au décès serait-elle possible ?
Depuis deux jours, ce quinquagénaire atteint d’une maladie dégénérative a délibérément arrêté tous ses traitements. La loi Claeys-Leonetti semble ne pas répondre à la demande de ce grand handicapé, en dépit de pratiques variables.
Elle le dit avec douceur et une grande gentillesse : « Laissez-moi souffler, juste vingt-quatre heures, juste ce dimanche, et lundi je réponds de nouveau. » Sophie Mejdeberg, responsable de l’association «Handi mais pas que», a été chargée de porter la voix d’Alain Cocq depuis que celui-ci a arrêté ses traitements et son alimentation et hydratation, vendredi soir, estimant que sa vie n’est plus supportable. Depuis, cette femme engagée et discrète résiste. Elle est débordée, n’a pas un instant pour elle, se dit inquiète. Elle sait que les jours qui viennent seront incertains.
Alain Cocq a, certes, voulu faire de sa fin de vie un combat : montrer que la loi actuelle ne suffit pas. L’injection d’un produit létal, qu’il aurait voulue, n’est pas légale, la France n’autorisant pas le suicide assisté. La loi Claeys-Leonetti sur la fin de vie, adoptée en 2016, a apporté quelques ouvertures, autorisant dans certaines conditions la sédation profonde et continue jusqu’au décès. «Cette mesure est faite justement pour pouvoir accompagner des personnes quand elles arrêtent toute médecine et toute assistance pour qu’elles n’en souffrent pas», a rappelé ce week-end sur Europe 1 la Dr Véronique Fournier qui vient de quitter la présidence du Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie (CNSPFV). Dans les recommandations de la Haute Autorité de santé, cette sédation est néanmoins autorisée uniquement pour les personnes dont le pronostic vital est engagé à court terme. Ce n’est pas le cas d’Alain Cocq.
Dans l’entre-deux
Pour autant, il y a la loi et son esprit. En France, depuis quatre ans, il y a de fait une véritable inégalité dans l’application de cette sédation finale, comme l’ont montré plusieurs enquêtes récentes du CNSPFV. « Je connais des médecins, raconte ainsi Véronique Fournier, qui auraient dit à Alain Cocq : “Je suis prêt à vous accompagner, à être chez vous et mettre en place la sédation profonde et continue jusqu’au décès, de façon que vous ne souffriez pas.” » Et ce médecin de dresser ce constat : « Malheureusement, d’autres ont compris la loi Claeys-Léonetti différemment, et disent : “Si le patient ne va pas mourir dans les quarante-huit heures, je ne fais pas cette sédation.” » Et c’est ce qui se passe ; aujourd’hui, dans le monde des soins palliatifs, il y a bon nombre de médecins et des soignants qui restent obsédés par la question du délai, au point de ne prescrire que très rarement cette sédation profonde.
On est là, dans l’entre-deux : soulager ou provoquer le décès. Interrogé par l’Express, Jean Leonetti, un des deux auteurs de la loi, s’est montré, lui aussi, un rien ambigu : « Le médecin est dans l’obligation d’arrêter le traitement de survie si le patient le demande de manière lucide et persistante. Cette revendication ne peut pas être refusée à Alain Cocq, de même que la non-souffrance. Si la souffrance est incoercible, le médecin peut aller jusqu’à l’anesthésie profonde. La loi est sans ambiguïté : l’atténuation de la souffrance prime sur la durée de la vie. » « Mais, a ajouté Jean Leonetti, ce que veut Alain Cocq, ce n’est pas la non-souffrance, mais le droit à demander la mort, ce que ne prévoit pas la législation française. »
Alain Cocq a donc choisi. Il ne veut pas de cet arbitraire. Après plus de trente ans de vie de handicap, il estime que c’est fini. « C’est son choix, et je ne vois en quoi nous aurions à le lui contester», nous disait Jean-Luc Romero, président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD). Alain Cocq a voulu aussi que sa fin de vie soit filmée. Facebook a décidé, samedi, de ne pas permettre la diffusion de ces images.
Son auxiliaire de vie qui l’accompagne se dit un peu perdu. Que va-t-il faire si Alain Cocq perd connaissance ? Légalement, il se devrait d’appeler le Samu. Ensuite ? Ce sera au médecin de décider, seul, ce qu’il fait : abréger ses souffrances (c’est-à-dire sa vie), ou l’hospitaliser.
Cinéma
NICOLAS BEDOS : SON ÉMOUVANTE TRIBUNE POUR L’EUTHANASIE
Nicolas Bedos vient de publier une photo très émouvante sur son compte Instagram. Il livre une tribune afin de faire changer les mentalités sur le droit à l’euthanasie.
Le comédien Nicolas Bedos vit une année pour le moins compliquée. En effet, l’acteur a récemment perdu son père, l’humoriste Guy Bedos. C’est sur son compte Instagram qu’il avait annoncé la triste nouvelle, le 28 mai dernier. Quatre jours avant ce décès, Nicolas Bedos disait adieu à son parrain, l’académicien Jean-Loup Dabadie. Mais la triste série ne s’est pas arrêtée là puisque le 28 juillet dernier, c’est l’avocate Gisèle Halimi, sa marraine qui rendait son dernier souffle. C’est là aussi sur Instagram que l’ancien compagnon de Doria Tillier a décidé de lui rendre hommage : “Ma marraine adorée. Quelle vie que la tienne! Les femmes te doivent tant. La société te doit beaucoup et moi je te dois trop. Nos mercredis m’ont tout appris. J’ai eu tellement de chance. Cette année vient du diable, je la hais comme je t’aime. On va te relire avec respect. Le paradis affiche complet”.
“NOS DERNIERS SOUVENIRS SONT PRÉCIEUX”
Ce samedi 5 septembre, Nicolas Bedos qui a récemment poussé un coup de gueule sur Instagram, se faisait remarquer suite à une nouvelle publication. En effet, le comédien a signé une tribune émouvante concernant l’euthanasie. “On en fait tant pour notre arrivée sur terre…et si peu pour notre sortie. Tous ces biberons, ces psys, ces blogs, ces nounous, pour se barrer démunis, impuissants, souffreteux et meurtris, comme des merdes. Nos derniers souvenirs sont précieux, comme la vie qu’ils contiennent. La dernière page engage la qualité et le sens du livre. Parmi tous ces sujets/buzz à 2 balles qui mobilisent notre jeunesse, par pitié, considérons mieux celui-ci. Nos adieux, c’est notre vie”.
Une prise de parole vivement soutenue par les internautes. “Tellement d’accord avec toi”, “Tellement vrai”, “Les gens s’en vont, mais la façon dont ils sont partis reste” a-t-on pu lire en commentaire.
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